Alors que le grand débat lancé par le gouvernement est la cible de nombreuses critiques, des Gilets Jaunes viennent de lancer leur propre plateforme. Baptisée le Vrai Débat, c’est un cahier de doléances numériques dont les données, en open source, serviront à porter des propositions citoyennes.

Présentation du site le Vrai Débat à Paris, le 30 janvier 2019. Photo Laury-Anne Cholez.

“C’est la première fois qu’on se plie à cet exercice. On vous demande d’être bienveillants”. Grégory Signoret, Lydie Coulon et David Prost n’avaient jamais fait de conférence de presse. Pourtant, ces trois gilets jaunes administrateurs du nouveau site  ” Le Vrai Débat” ont un discours clair précis et assuré. Dans les locaux de change.org, qui a hébergé la pétition de Priscillia Ludosky contre la hausse du prix des carburant, ils détaillent leurs noms, prénoms, situation familiale et même leurs professions – chef d’entreprise, infirmier et agent immobilier – avant de présenter la nouvelle plateforme.

Le Vrai Débat réuni plusieurs sites lancés par divers collectifs de Gilets Jaunes à La Réunion, en PACA ou encore en Bretagne. L’outil numérique est fourni gratuitement par Cap Collectif, la même startup qui fait tourner le site du Grand Débat d’Emmanuel Macron. Mais contrairement à la plateforme du gouvernement, qu’ils estiment “tronquée” il n’y a pas de QCM ou de question orientées. Les internautes peuvent débattre librement sur dix thématiques dans la plus totale transparence. “Il faut que chacun, Gilet Jaune ou pas, puisse s’exprimer, faire ressortir une idée qui sera ensuite portée par des groupes de citoyens qui pourront aller voir leur maire, leur député ou par exemple saisir la cour européenne de justice”, explique Lydie Coulon, l’une des administratrices. Les données, en open source, seront traitées par des chercheurs et universitaires qu’ils espèrent nombreux à se saisir bénévolement de ces cahiers de doléance numériques.

Capture d’écran de la page d’accueil du site internet de la plateforme Le Vrai Débat.

Des données récoltées qui seront publiques

L’objectif est de construire un réel outil d’expression démocratique respecté pouvant donner naissance à des propositions concrètes, qui seront débattues en public dans 9 grandes villes. Des idées dans lesquelles iront sûrement piocher certains Gilets Jaunes en route pour les élections européennes. “Aujourd’hui de nombreux Gilets Jaunes n’adhèrent pas à cette démarche électorale. On n’a donc pas forcément envie qu’ils se saisissent des informations du Vrai Débat. Mais en même temps, les données seront publiques donc on aura pas le choix. De toute façon, tout ce qui peut contribuer à faire bouger les choses est important “, poursuit Lydie Coulon.

Face à la plateforme du gouvernement pensée pour être une “campagne de communication” pour le président de la République, le site du Vrai Débat suscite un fort enthousiasme. Au début de la conférence de presse à 20 heures, près de 2500 personnes s’étaient inscrites. Lorsque nous sommes sortis une heure plus tard, ils étaient plus de 3000.