Qu’y a-t-il de commun (ou pas) entre les Gilets Jaunes et les précédents soulèvements populaires français ? Les conditions historiques pour un aboutissement de leurs revendications démocratiques sont-elles réunies ? Après l’Acte IX samedi 12 janvier, deux historiens : Gérard Noiriel et Joël Chandelier, nous invitent à prendre de la hauteur autour d’un apéro-débat ce DIMANCHE 13 DÉCEMBRE au Bar Commun.

Dans sa tribune publiée par le quotidien Le Monde (20/11/2018), le sociologue Pierre Merle écrit que « le mouvement des « gilets jaunes » rappelle les jacqueries de l’Ancien Régime et des périodes révolutionnaires ». Et ce dernier s’interroge : « les leçons de l’histoire peuvent-elles encore être comprises ? » 

Gérard Noiriel est également convaincu qu’une mise en perspective historique de ce mouvement social peut nous aider à le comprendre. Il réfute pourtant le terme de « jacquerie », parce qu’employé notamment par les élites de façon méprisante. Parler de jacquerie à propos des Gilets Jaunes serait donc à la fois un anachronisme et une insulte. Dans son livre, Histoire populaire de la France, l’historien avance que tous les mouvements sociaux depuis le Moyen Age ont fait l’objet d’une lutte entre les dominants et les dominés à propos de la définition et de la représentation du peuple en lutte. Le mouvement des Gilets Jaunes tient, selon lui, d’avantage des Sans-culottes et des Communards que du poujadisme ou des jacqueries.

C’est pourtant au Moyen-Age que survient le premier grand mouvement social, au milieu du XIVe siècle, lorsque les paysans d’Ile-de-France se révoltent conte leurs seigneurs. Moyen-Âge dont Joël Chandelier est un spécialiste. Celui-ci n’hésite pas non plus à dresser un parallèle avec certains mouvements des Printemps Arabes. Ce faisant, les deux historiens nous proposent une analyse socio-historique du mouvement, en replaçant celui-ci dans l’histoire des luttes populaires.

Intervenants :
Joël Chandelier est Maître de conférence en histoire médiévale à Paris 8 et spécialiste du monde arabe.
Gérard Noiriel est directeur d’études à l’EHESS. Il vient de publier Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent Ans à nos jours (Agone, 832 p., 28 euros).

Le Bar Commun c’est un lieu, un quartier, un réseau et un bar associatif, situé dans le 18eme arrondissement de Paris, qui a pour objectif de redonner le goût d’être ensemble, d’agir ensemble et de penser ensemble à l’occasion d’apéros-débats.

2 COMMENTS

    • Salut Cro Magnon
      C’est formidable l’écriture ! mais ne t’inquiète pas outre mesure, tant que perdurent les moyens d’expression et de transmission . Et puis, admettons que Neandertal et les autres s’en sont bien sortis durant des millénaires, sans l’écriture .
      A propos de la première intervention de Gérard Noiriel .
      Effectivement, la notion de conscience populaire, au singulier, ne correspond pas à la réalité . Avis et opinions diffèrent entre les non politisés et ceux qui votent à droite, à gauche et ailleurs .
      Quoiqu’il en soit, on peut faire le même constat en terme de pagaille et de division au sein de chaque parti politique et gouvernement . Ce n’est donc pas un argument acceptable de la part des opposants pour discréditer le mouvement des gilets jaunes . De plus, ce n’est que le début d’un exercice auquel beaucoup ne se sont jamais prêtés .
      Le plus ardu est à venir ; structurer ce mouvement par l’élaboration d’une projet de société global, qui en plus ne serait probablement pas viable à l’échelle de notre seul pays .
      La méfiance d’une représentativité est le fruit d’une longue et douloureuse expérience ; celle de gouvernants qui ne représentent pas la majorité du peuple .
      Mais comment voulez-vous communiquer par exemple, avec un autre pays pour conclure un accord, quel qu’il soit, sans envoyer ou inviter un représentant du peuple ?
      Ce sera un long chemin à parcourir pour concevoir un autre mode de vie et mettre en place une nouvelle organisation . Les citoyens, ont pris depuis très longtemps, l’habitude de se laisser gouverner ; par manque d’intérêt, fainéantise, désinvolture, naïveté, confiance en notre système dit démocratique…
      Un fait semble se reproduire, celui de la réaction d’une catégorie de la société – la classe moyenne dans tout son éventail- celles et ceux qui par le travail, participent à la vie économique du pays et contribuent par l’impôt à son fonctionnement .

      Je trouve regrettable que cette classe moyenne ne se décide encore à réagir qu’à l’heure où sa qualité de vie est en péril . Nous sommes plus prompts à la révolte -contre les riches et le pouvoir qui les protège- pour conserver ou regagner sécurité et pouvoir d’achat, que pour ceux qui n’ont plus rien . Depuis combien de temps, gouvernement après gouvernement, acceptons-nous que la pauvreté et la misère ne puisse trouver d’empathie et de secours à l’égard de ses victimes, que dans l’humanisme individuel et associatif ? le premier pas vers l’égalité, devra être la fin de l’indigence .

      https://www.youtube.com/channel/UCqrOCuoZrMdjv-jkWfzirLA?reload=9

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