Alors que le gouvernement Macron souhaite réformer la SNCF du fait de la dette de la compagnie ferroviaire, en supprimant le statut des cheminot.e.s et en transformant le statut juridique de l’entreprise en société anonyme, les cheminot.e.s viennent de débuter leur 9e séquence de grève ce dimanche 13 mai. Mercredi dernier, Radio Parleur s’est rendu à la 3e assemblée générale inter-gares du mouvement, au quai 36 de la gare du Nord, afin de s’entretenir avec Anasse Kazib, cheminot gréviste et syndicaliste à Sud rail.


« On n’a pas fait 68 avec une grève perlée »
En ce ce 18e jour de grève depuis début avril – soit la moitié du calendrier annoncé pour la grève parlée – le trafic est « très perturbé » avec, en moyenne, un TGV, TER ou Transilien sur trois et un train Intercités sur cinq, selon la direction de la SNCF. Toujours selon la direction, la mobilisation s’est envolée jusqu’à 74,4% chez les conducteurs, 74,3% chez les contrôleurs et 36,7% chez les aiguilleurs. Elle enregistre aussi un fort rebond chez les cadres, en grève à 10,14% (contre 3,1% mercredi). C’est depuis le 22 mars que la mobilisation des cheminot.e.s est en cours, avec une stratégie voulue par l’inter-syndicale de la SNCF consistant à faire deux jours de grève sur cinq pendant trois mois : une grève perlée. Bien qu’inédit, ce mode de grève ne fait pourtant pas l’unanimité chez les personnels de la SNCF mobilisés. Elle crée, selon Anasse Kazib, un sentiment de passivité dans la mobilisation : « On n’avait pas fait 68 avec une grève perlée ». Ajoutant à cela qu’ « il n’y a pas de grève sans piquet ».

Négociations entre syndicats et gouvernement : « Un dialogue de sourd »
L’Assemblée générale inter-gares rassemble environ 150 personnes dont quelques étudiants et militants. Durant l’AG les personnes se sont succédées au micro pour constater l’avancement de la mobilisation et faire des propositions. Le bilan du 7 mai, date de la rencontre des syndicats avec le premier ministre Edouard Philippe, est négatif : « le gouvernement ne voulait pas discuter du transfert du personnel, l’ouverture à la concurrence, ce n’était pas discutable non plus et sur les sociétés anonymes il n’y avait rien à discuter. En fin de compte c’était un dialogue de sourd ».

La « Vot’action » et les dates à retenir
Ce lundi c’est la journée sans cheminots, sans trains. Les militant.e.s mobilisé.e.s appellent à une nouvelle démonstration de force en exhortant tous les cheminot.e.s à ne pas aller travailler. Le 22 mai, un nouvel appel à une AG inter-gare est lancé, national cette fois-ci, et à un cortège de cheminot.e.s inter-gare pour la manifestation de la fonction publique qui se déroulera le même jour. De leurs côtés, les syndicats de la SNCF lancent ce lundi leur grande consultation des cheminots, une « vot’action ». Chaque agent, gréviste ou non, est invité à donner son avis sur la réforme du gouvernement. Mais comme l’explique Anasse Kazib, le principe même de cette consultation fait débat parmi les cheminot.es : « le meilleur référendum, c’est celui du taux de grévistes ».