Le Salon de l’agri, c’est fini. L’exposition agricole a fermé ses portes dimanche dernier. Un sujet a pourtant été relativement absent des allées du parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris : le glyphosate, et son interdiction toujours en suspens. Samedi, les Faucheurs Volontaires d’OGM se sont donc réunis au salon pour faire un « die-in » contre l’utilisation des pesticides et notamment du glyphosate.

 Sur le glyphosate, « on avance en reculant »

Ils ont l’habitude de faire du bruit, et des actions spectaculaires. La vingtaine de faucheurs volontaires présents ce week-end au Salon de l’Agriculture n’a pourtant pas démonté le stand du « Siècle vert », lobby d’agriculteurs pro-glyphosate, comme un vulgaire MacDo. Mais ils ont réussi à parler du fond. Allongés dans l’allée, devant le stand prônant l’usage des « phytos », ils ont mimé une mort symbolique et théâtrale pour souligner les risques sanitaires liés à cette substance chimique de l’herbicide Roundup, produit par Monsanto et classée « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer et l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), en 2015.

Des rapports de l’Union Européenne copiés sur Monsanto

En novembre dernier, malgré les risques révélés par l’OMS, l’Union Européenne a ré-autorisé l’utilisation du glyphosate pendant encore cinq ans, se basant sur un rapport produit par l’EFSA (European Food Safety Authority) niant les risques cancérigènes du produit phytosanitaire. A la suite de cette enquête, des révélations publiées par RMC, The Guardian et La Stampa ont démontré que les « experts » commissionnés par l’Union Européenne avaient copié-collé plus d’une centaine de pages provenant d’un rapport produit par l’entreprise Monsanto et qu’une personne sur deux de ces experts entrait en conflit d’intérêt direct avec l’industrie examinée.

La sortie dans 3 ans, « une arnaque »

Les Faucheurs Volontaires d’OGM demandent l’interdiction immédiate du glyphosate, à travers la définition d’une échéance claire pour les agriculteurs. Du moins sur ce qui concerne la dangerosité du pesticide, ils sont ainsi du même avis qu’Emmanuel Macron. Pourtant, si le chef de l’État a promis une sortie « dans trois ans », difficile pour les Faucheurs de voir dans le plan présenté par Nicolas Hulot une avancée satisfaisante. Le ministre de la Transition écologique a promis en plein Salon de l’agriculture des exceptions pour ceux qui ne seront pas prêts dans trois ans. Plutôt que de ménager la chèvre et le chou, les militants suggèrent, par exemple, que l’argent de la Politique Agricole Commune soit destiné à des initiatives de reconversion dans le bio.

Les Faucheurs seront en procès le 5 et 6 avril 2018 pour avoir neutralisé des parcelles d’essai de colza génétiquement modifié. Ils et elles appellent à un rassemblement solidaire place Wilson à Dijon.

Un reportage de June Loper