A Bruxelles, le collectif La Communa investit des bâtiments vides pour y installer des associations et autres projets citoyens. De quoi redynamiser des quartiers et lutter contre la spéculation immobilière, le tout sous convention d’occupation précaire avec les propriétaires. Radio Parleur a rencontré Maxime Zaït, l’un des co-fondateurs.
Ceci n’est pas un squat. C’est un commun. Depuis 2013, le collectif belge la Communa insuffle de la vie dans les espaces inutilisés » de Bruxelles en réhabilitant des bâtiments vides pour y installer des associations artistiques, culturelles, écologiques, féministes etc. « Il y a entre 15 000 et 30 000 unités de logements non occupés à Bruxelles. Sans compter les 1,5 millions de mètres carrés de bureaux vides. Face à eux, des centaines de porteurs de projets et de nombreux gens en difficulté. Nous faisons le lien », explique Maxime Zaït, l’un des co-fondateurs du collectif. Pour les initiés, La Communa est à la Belgique ce que Yes We Camp ou Plateau Urbain sont à la France : des acteurs d’occupation temporaire. Avec une petite différence pour les Belges : les membres du collectif vivent tous à l’intérieur des lieux qu’ils occupent. Six immeubles sont actuellement occupés par tout un écosystème : ateliers d’artistes, studios d’animations, restaurants d’invendus, espaces de coworking, ateliers de réparation de vélos, serre d’aquaponie, ciné-clubs, potager, poulaillers, dépôts pour la récupération d’aliments… Un joyeux bazar qui donne naissance à toute une série d’initiatives, chantiers, échanges et rencontres.
Maxime est installé à la Buissonnière, une ancienne école dans le quartier de Saint Gilles. Son loyer fait pâlir d’envie d’auteure de ces lignes : 170 euros par mois charges comprises. « La moyenne à Bruxelles est 12,50 euros le m2. A la Communa, c’est maximum 2 euros le m2. Ainsi, on ne fait pas reposer le poids économique sur les habitants. Car la question n’est pas de remplir des bâtiments vides mais de savoir qui va les faire vivre », détaille le volubile jeune homme. Loin de fav oriser la gentrification, la Communa cherche plutôt à soutenir des projets qui recréent du lien social, et qui aient un impact positif sur le quartier.
Après plusieurs années d’existence et d’expériences réussies, ce sont aujourd’hui les propriétaires – surtout des acteurs publics – qui contactent le collectif afin qu’il gère leur bien. « Ils ont tout intérêt à ce que leur lieu soit occupé. Pour ce faire, ils peuvent soit engager une compagnie de sécurité ou le donner aux associations comme la nôtre. Nous lui proposons de l’occuper et d’y déployer des projets intéressants tout en lui faisant économiser de l’argent. La Communa créé beaucoup de valeur sociale, qui est difficilement convertible en euros ».
Qui dit contrat d’occupation précaire dit déménagements fréquents. Pour les membres, il n’est pas toujours facile de mettre fin aux projets développés au fil des mois. La Communa cherche actuellement des moyens de pérenniser ses activités, pour faire en sorte que tout ce qui a été construit de façon temporaire puisse s’ancrer plus solidement. Ils réfléchissent à un montage juridique qui permettrait de séparer la propriété du bâtiment de la propriété du sol, beaucoup plus onéreuse. Une solution pour lutter à long terme contre la spéculation immobilière et la gentrification des quartiers populaires.