Le contre-sommet du G7 n’a pas brillé par la concorde entre les militant-es. Les plateformes organisatrices se sont félicitées du succès de leurs manifestations déclarées. Les autres, venu-es pour perturber le G7, repartent avec l’amertume de l’échec.
Un contre sommet transformé en un séminaire qui somnole
Vendredi 23 août 2019. Contre-sommet du G7 à Hendaye. On s’attendait à des lacrymogènes, on se retrouve dans une salle obscure. Dans les conférences, l’ambiance est plus au séminaire somnolant qu’à l’émeute. Accréditations, bracelets, programme ordonné, il faut même passer par un délégué pour poser nos questions.
Le samedi matin, un défilé dont le parcours est déposé en préfecture part d’Hendaye à Irùn. Il a été négocié par les associations qui ont monté le contre-sommet. Elles veulent une manifestation “festive et familiale”. Quinze mille personnes, d’après les organisateurs, marchent sans heurts dans une ambiance joyeuse. Tout au long du parcours, des bénévoles ont été placés à des lieux stratégiques, devant les banques notamment, pour prévenir des éventuelles dégradations.
Une mobilisation disparate et inefficace
Au même moment à Bayonne, certain-es tentent de perturber un centre-ville totalement verrouillé. Le quartier central du Petit Bayonne est pris dans une nasse géante pendant plusieurs heures. Les policiers sont partout, les manifestant-es sont trop peu nombreux-euses, pas suffisamment organisé-es et la tentative de donner un visage plus radical à cette contestation du G7 se fracasse sur le dispositif mis en place par la préfecture. Contrairement à cet hiver lors du mouvement des Gilets jaunes, où des techniques d’auto-défense et des stratégies insurrectionnelles ont permis un véritable rapport de force dans les manifestations, la mobilisation reste disparate et inefficace.
Annulation des blocages du G7 à Biarritz
Ces quelques affrontements sporadiques suffisent pourtant à faire apparaître des fractures profondes au sein des anti-G7. Dans la soirée de samedi, les organisateurs officiels du contre-sommet annulent par communiqué toutes les actions prévues pour le reste du week-end : les blocages de carrefours qui devaient se tenir le lendemain, notamment. En réaction, plusieurs organisations comme le collectif de lutte contre les armements policiers Désarmons-Les, qui publie ce lundi, une tribune sur le sujet, se désolidarisent par communiqué du contre-sommet. La semaine dernière déjà Ipeh Antifaxista, groupe antifasciste local, quittait la plateforme pour des raisons similaires.
En somme, un weekend en forme d’exemple pratique du concept “d’incapacitation sélective”. Théorisé notamment pour le déclin du mouvement des droits civiques aux États-Unis, il décrit les mesures prises par le pouvoir afin de neutraliser le potentiel contestataire des individus. Les zones rouges, bleues etc. décrétées à Biarritz pendant le sommet en sont un bon exemple. Pour les manifestants, se retrouver à trente kilomètres de Biarritz et du véritable G7 “c’est démobilisant” estime un militant croisé à Bayonne. “Les organisateurs ont beau mettre en place des vélos, ça restait trop compliqué” lance-t-il, avant d’ajouter : “c’est une vraie défaite du mouvement social”. Un sentiment, sur ce weekend, partagé par la plupart des militant-es venu-es dans l’optique de perturber ce sommet du G7 organisé en France.
Un reportage réalisé par Clara Menais et Ivan Vronsky.