Alors qu’à Paris les Gilets Jaunes ont réussi à investir les Champs-Elysées, celles et ceux de Marmande, dans le Lot-et-Garonne se sont offert un pique-nique sur un rond-point. Ils et elles revendiquent de pouvoir reconstruire leur cabane détruite le 22 mai dernier par les autorités.
Il est midi, à la sortie du parking du Leclerc de Marmande. Hervé déplie les chaises de jardin sur le rond-point. Sous le ciel dégagé de ce 14 juillet 2019, l’air est lourd et les klaxons retentissent pendant que les Gilets Jaunes réoccupent les lieux. Le pique-nique et les tables de camping sont de sortie. Un Gilet Jaune de la première heure jette des regards amusés sur la route : « quand ils nous ont cassé notre maison, ils étaient 50 CRS, 20 gendarmes et 10 militaires […] tous équipés pour affronter cinq personnes armé·es de leurs gilets ». Les tracts sont prêts et les manifestants·es s’attendent à l’arrivée des forces de police.
« Décrétons Pastille le rond-point de Marmande »
La contre-attaque s’organise : très vite, les Gilets Jaunes accusent la mairie de non-conformité dans son Plan Local d’Urbanisme (PLU). Ils s’appuient sur les articles 132 et suivants de la loi ALUR qui définissent l’utilisation des « Pastilles », ces terrains non constructibles réservés aux habitations légères et démontables tel que les yourtes ou les huttes. Ils et elles affirment que la municipalité doit délimiter des terrains réservés à ces constructions. La loi permet en effet sur décision du maire de modifier une pastille de terre agricole mais ce n’est pas une obligation. Qu’importe, les Gilets Jaunes déclarent donc le rond-point comme « Pastille » et s’autorisent à l’occuper, tout de jaune vêtu·es. Bientôt disent-ils, ils et elles reconstruiront leur cabane.
Les Gilets Jaunes l’assurent : ils réinvestiront le rond-point
Sur le rond-point, la vingtaine de manifestant·es reprend les conversations politiques sur l’avenir du pays et les manquements au devoir de nos dirigeants. Ils portent un regard sévère sur le monde du journalisme qui se rencontre à quelques kilomètres de là au Festival International de Journalisme. Les occupant·es restent jusqu’au début d’après-midi puis, repus, replient leurs tables et ramassent leurs déchets avant de regagner victorieusement leurs demeures. Les Gilets Jaunes se le sont promis : ils réinvestiront cet espace en reconstruisant leur habitat commun.
Un reportage de Thomas Hiahiani et Etienne Gratianette.