Depuis plusieurs mois, Radio Parleur suit régulièrement les enseignants, personnels et parents d’élèves mobilisés contre le projet de loi nommé « école de la confiance ». Porté par le ministre Jean-Michel Blanquer, il prévoit une profonde réforme de l’éducation nationale et provoque une vive réaction des personnels de la communauté éducative. À l’approche des grandes vacances et après plusieurs mois de contestations , le collectif Bloquons Blanquer prépare pour la semaine prochaine une “semaine d’enfer” avec un objectif, bloquer le bac pour enfin faire entendre la contestation.
“On y va le cœur lourd”. Jimmy est enseignant dans un lycée de Seine-Saint-Denis, l’idée de bloquer l’examen pour lequel il prépare ses élèves depuis le début de l’année ne l’enchante pas mais, à ses yeux, “on doit le faire pour leur avenir”.
Bloquer le bac, c’est l’objectif de la “Semaine d’enfer pour Blanquer”, une action organisée par le collectif Bloquons Blanquer. Il réunit 11 syndicats et plusieurs organisations d’enseignant·es et de parents d’élèves. Depuis de long mois, ils et elles sonnent l’alarme contre un projet de loi jugé “autoritaire”. L’historienne Ludivine Bantigny soutient la mobilisation contre ce projet et les mesures qu’il contient : “elles ont pour objectif, d’instaurer l’inégalité comme un principe” estime t-elle avant d’ajouter “L’école, ça nous concerne comme parent mais aussi comme citoyen·nes. Ces contre-réformes cachent, sous des mots-clés rassurants comme école de la confiance, des projets destructeurs”.
Une mobilisation “étouffée violemment” par la hiérarchie
“Il faudrait vraiment une mobilisation massive pour vraiment stopper les examens” estime Jimmy “mais on y va pour sensibiliser”. Dans un tribune intitulée “Pas de Tri sélectif pour l’école de la république” publié sur le site du journal Libération, le collectif dénonce une loi qui “suscite depuis des mois l’indignation et l’opposition des enseignantes et enseignants”. “La guerre est déclarée à tous les cancres de Prévert” écrivent les signataires du texte.
“La guerre, elle est aussi déclarée à nous les enseignant·es” ajoute Cécile. Elle est professeure d’Arts Plastiques et elle raconte les sanctions disciplinaires qui ont touché plusieurs professeur·es mobilisé·es ces derniers mois. A Lodève, un directeur d’école a reçu un blâme pour s’être exprimé au micro de France Bleu Hérault contre le projet de loi. Au Havre, une directrice d’école a été blâmée et mutée pour avoir critiqué la réforme en écrivant aux parents, rapporte le quotidien Le Parisien.
Depuis plusieurs mois, les exemples de sanctions se multiplient. “Moi je vous parle là, et j’ai peur, peur de m’exprimer, je ne sais pas ce qui peut m’arriver, je n’ai jamais vécu ça !” lance Cécile. Elle l’affirme, la mobilisation est “étouffée violemment” par le ministère.
Préparer le terrain pour la rentrée
Face au silence du ministère “la seule option qui nous reste, c’est de créer une mobilisation populaire” estime Cécile. C’est cet objectif que veulent poursuivre les membres du collectif pendant les vacances d’été. “Pour défendre l’école, il faut prendre le temps de construire”. S’organiser, un défi qu’affrontent la plupart des mouvements qui se dressent actuellement contre la politique d’Emmanuel Macron. Avant de partir Cécile conclue “on est un des fronts de l’opposition à leur projet de société, on a déjà la rentrée en tête parce qu’on sait qu’on ne pourra pas s’arrêter la”.