Augmentation des frais d’inscription pour les étudiant.es étranger.es, suppression de la compensation et des rattrapages et loi ORE, les étudiant.es se mobilisent depuis des semaines contre les conditions d’accès au supérieur. À l’approche des vacances, les AG se sont dépeuplées, et le blocage des facs peu à peu arrêté. À Paris VIII, des étudiant.es en art en ont profité pour discuter de nouvelles formes de mobilisation.
« Ramène ta casserole »
Vendredi 21 décembre, juste avant les vacances de Noël, Léa, Arthur et les autres étudiant.es se retrouvent à la fac de Paris 8. Pas pour causer blocage, mais pour réfléchir à « L’art de la lutte ». Dans une petite salle, à l’écart du brouhaha des couloirs de l’université, une vingtaine d’étudiant.es imaginent de nouvelles manières de faire entendre leurs revendications. Avec la hausse des frais de scolarité pour les étrangers en toile de fond, les étudiant.es en cinéma, théâtre, art plastique ou musicologie ont échangé idées et suggestions pour réinventer les formes de mobilisation. En filigrane, se dessine une critique des blocus comme manière de lutter.
Si le débat “bloquer/ne pas bloquer” ne date pas d’hier, la question se pose différement dans les AG des université cette fois-ci. Pour beaucoup d’étudiant.es, le blocus n’est plus efficace. À Paris 8, Léa, étudiante en musicologie, pointe un premier problème, celui de la concertation : “Le dernier blocus a été voté par 10 personnes. On est 20 000 à la fac, donc ça pose un problème…”
Pour Arthur, étudiant en musicologie, la méthode du blocus est tombée en désuétude. Lui qui a pourtant participé à plusieurs blocus, au lycée puis à la fac, fait un constat amer. “Les blocages sont devenus mainstream. Les gens sont habitués, et donc rentrent automatiquement chez eux. En 1995, c’était plus difficile de prévenir. Aujourd’hui, on envoie un mail, et en trois secondes tout le monde est au courant.” Selon lui, paralyser l’université perd alors son sens, celui de trouver un temps collectif pour construire la lutte. Avec les blocages, “on ne sensibilise plus qu’une poignée d’étudiant.es“, déplore-t-il.
Créer pour rendre les luttes visibles
En trois heures, les étudiant.es en art jettent leurs idées pour la rentrée : former une batucada de casseroles, peindre des vitraux représentant les luttes sociales, réaliser un film satirique… Autant de créations qui visent à rendre plus visible les luttes en cassant les routines de mobilisation. Pour Arthur, “quand on voit Woodstock dans les années 60 ou bien les mouvements punks des années 70, on ne peut pas dire que ça n’a pas eu d’impact sur la société et que ça n’a pas bouleversé la manière d’être.”
Des idées pour la rentrée, où une nouvelle journée de mobilisation est prévue pour relancer la machine. Portée notamment par les étudiant.es mobilisé.es de la fac de Nanterre, un appel à la grève et à la manifestation est lancé pour le jeudi 10 janvier.