Grâce à sa persévérance, la militante écologiste Claire Nouvian et son association Bloom a remporté des victoires décisives contre la pêche industrielle. Mais aujourd’hui, alors que l’urgence climatique se fait de plus en plus pressante, elle change d’échelle et s’engage dans le mouvement Place Publique. Un futur parti politique ?
Claire Nouvian lutte contre des monstres. Ceux de la pêche industrielle qui raclent le fond des océans à la recherche de poissons de plus en plus rares. Ceux des institutions européennes qui, phagocytés par les lobbies, font la sourde oreille aux revendications de son association Bloom, qui lutte pour la préservation des éco-systèmes sous-marins. Malgré tous les obstacles, Claire Nouvian et son équipe sont d’une pugnacité à toute épreuve. Lorsqu’en 2016, ils obtiennent l’interdiction du chalutage en eaux profondes, c’est l’aboutissement de plusieurs années d’une lutte acharnée. “A l’époque on n’était que trois filles et tous les jours on sortait un truc nouveau avec une cadence infernale. On travaillait nuit et jour ce qui a permis de produire de nombreuses données et de la mobilisation citoyenne”. Ancienne journaliste, Claire Nouvian croit à la persévérance et surtout à la science. “On se bat avec des données objectives. Car ces pêches ne sont pas défendables, elles n’existent que grâce aux financements publics”.
Une guerre contre les lobbies qui dure des années
Malgré ce miracle qu’elle a souvent estimé comme “non reproductible”, son équipe repart en campagne contre la pêche électrique. “Je les ai prévenu : ça va être la guerre et durer des années. Et moi je suis fatiguée. Je leur ai demandé s’ils étaient prêts à ce sacrifice. Ils m’ont répondu “oui”. Alors nous sommes repartis”. Quand on sait qu’il faut entre 7 à 8 ans pour obtenir une victoire, il y a de quoi céder au découragement. “D’autant que pendant qu’on se bat sur un sujet précis, on a le dos tourné sur des directives qui détricotent les victoires passées”. Ce qui la déprime le plus, c’est la corruption du personnel politique et “la trahison des socialistes français” lors du vote au Parlement européen en 2013.
Un dégoût qui l’a poussé à lancer avec Raphaël Glucksmann, Thomas Porcher et d’autres personnalités, le mouvement Place Publique. “Il est indispensable de s’engager en politique maintenant. Car on a d’un coté des partis populistes souverainistes qui sont de vrais dangers pour la démocratie. De l’autre, la menace écologique. Aujourd’hui, on a pas d’autres choix. En période de guerre la neutralité n’existe pas”.