À l’appel, entre autres, de l’Union Nationale Lycéenne, des lycéen.ne.s ont bloqué leurs établissements dans plusieurs villes de France toute cette semaine. Des blocages pour dénoncer les mesures du gouvernement qui renforcent, à leurs yeux, les inégalités scolaires et territoriales. Des mobilisations avec, sur toutes les lèvres, le choc de la vidéo virale publiée jeudi 6 décembre montrant le traitement humiliant infligé par la police à des lycéen.ne.s de Mantes-La-Jolie.

Les syndicats lycéens ont appelé à un “mardi noir”, le 11 décembre 2018 mais au lycée Hélène-Boucher, Porte de Vincennes, dans le 20ème arrondissement de Paris, le blocage dure seulement de 7h30 du matin à 8h environ, avant de cesser dans le calme faute de monde pour tenir le barrage. Une scène qui se répète, depuis une dizaine de jour, dans de nombreux établissements dans l’hexagone. Des lycées bloquées, complètement ou partiellement, il y en a eu jusqu’à 400 au plus fort de la mobilisation la semaine dernière d’après les chiffres du ministère de l’éducation. Cette semaine, 120 lycées étaient concernés.

Au lycée Hélène-Boucher, les élèves rappellent qu’ils se battent contre la loi ORE et la réforme du BAC et les bouleversements que ces dispositions génèrent sur leur avenir. Dans cette veine, les élèves mobilisé.e.s. voient dans la suppression des trois filières du BAC au profit de parcours spécialisés un moyen de “renforcer les élites et la sélection”.

Une pancarte lors du blocage du lycée Saint Exupéry à Orléans, le 11 décembre 2018. Photographie : twitter @théoroumier

Des revendications multiples

Autre point noir pour ces lycéen.ne.s : Parcoursup, nouvelle plateforme d’inscription dans le supérieur à la sortie du BAC, lancée le 15 janvier 2018. Le dispositif, censé recueillir les vœux des élèves et les orienter selon un algorithme dit “méritocratique”, est décrié par les futur.e.s étudiant.e.s. Ces dernier.e.s le perçoivent comme un outil renforçant la compétition entre les lycées et les élèves. Au cœur de l’Assemblée Générale, les lycéen.ne.s s’organisent au-delà de ces revendications et souhaitent participer aux manifestations étudiant.e.s. Une convergence qui se construit sur le refus de la hausse des frais d’inscriptions à la fac pour les étudiant.e.s extra-européen.e.s ainsi qu’à l’encontre de l’instauration d’un service national universel.

L’écho est le même quelques rues plus loin, du côté du lycée Honoré de Balzac, Porte de Clichy dans le 17ème arrondissement, bloqué depuis 6h dans le calme. Là, professeur.e.s et élèves se sont rassemblés. La sénatrice Europe-Ecologie-Les-Verts Hélène Benbassa est venue apporter son soutien. Elle rappelle que “la jeunesse est une force qu’il faut écouter, et non pas oublier comme l’a fait Emmanuel Macron dans son discours télévisé de lundi”.

La vidéo tournée par un policier à Mantes-La-Jolie, reprise ici par Le Monde

“La vidéo de Mantes-La-Jolie, ça nous a mis la rage”

Au delà d’une casse du monde de l’enseignement, tou.t.e.s les présent.e.s dénoncent la répression et les violences policières, notamment après une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, jeudi 6 décembre. Devenue rapidement virale, elle montre 151 lycéen.ne.s de Mantes-la-Jolie tenus en respect, à genoux et les mains sur la tête, par des policiers. “C’est une posture dégradante, on dirait le mur des fédérés !” lance Esther Benbassa. Anna,  lycéenne qui bloque avec plusieurs camarades réagit : “Cette vidéo, elle nous a mis la rage. Il pense que nous intimider ça va nous arrêter mais ça ne fait que renforcer notre colère”. Dans le ras-le-bol qui s’exprime, certain.e.s appellent à soutenir les gilets jaunes avec qui ils estiment partager le même combat tandis que d’autres sont plus réservés. Toutefois, pour beaucoup le climat actuel semble propice pour se faire entendre.

Sur toute la France, de nouveaux blocages sont prévus pour le mardi 18 décembre et jeudi 20 décembre en convergence avec le mouvement étudiant. Malgré l’approche des fêtes, la jeunesse persiste et martèle “pas de cadeaux pour Macron”.