« On se lève et on se casse. » Pour sa saison 2, Genre aux poings se consacre aux féminismes de 2021 et à leur bouillonnement. Quelles stratégies coexistent contre la domination patriarcale ? Quelle force et quels moyens sont mobilisés pour se battre ? Cette semaine, Mélanie et Charline du collectif Gyn&Co nous parlent de leur travail et de la définition d’une médecine féministe.
De réflexions théoriques en récits d’activistes, Genre aux poings vous propose un tour d’horizon en dix épisodes des stratégies de lutte contre la domination patriarcale. Au micro de Radio Parleur, nos invitées tissent chacune un pan de ce combat pluriel, en une grosse trentaine de minutes. Leur point commun à toutes ? Elles ont depuis longtemps passé les étapes de la prise de conscience et celle de la libération de la parole. Elles s’opposent maintenant aux inégalités de genre, radicalement, chacune sur son terrain.
Épisode 9 : Pour une médecine féministe, avec Gyn&Co
C’est quoi une médecine féministe ? Qu’est-ce qu’un‧e soignant‧e safe ? Charline et Mélanie, toutes deux membres du collectif Gyn&Co, créé en 2013, mettent en avant un principe d’écoute des besoins et des douleurs des patient‧es. « C’est être à l’écoute de ce que la ou le patient‧e exprime, son vécu, son besoin et qu’aucun acte ne lui soit imposé. C’est se départir de ses préjugés racistes, sexistes, transphobes, et être conscient‧e de ces oppressions dans le milieu médical. »
Les discriminations liées au sexe et au genre s’immiscent aussi dans les cabinets médicaux et les services des hôpitaux. Depuis une dizaine d’années, les témoignages s’accumulent de patient‧es qui dénoncent les violences sexistes et sexuelles subies lors de consultations. Souvent, les champs de la gynécologie et de l’obstétrique concentrent beaucoup de témoignages. Le 19 novembre 2014, le hashtag #PayeTonUtérus fait émerger plus de 7000 témoignages de femmes en moins d’une journée.
Renverser une médecine oppressive
Au-delà de recevoir ces témoignages de violences et de discriminations, Gyn&Co se veut une initiative permettant de renverser plus profondément la pratique de cette médecine longtemps exercée par des hommes et pour des hommes. « On s’inscrit dans une tradition féministe du ‘self-help’. Les mouvements des années 70 ont offert la réappropriation des savoirs et des pouvoirs sur nos corps. L’institution médicale a eu pour objet de nous déposséder de ces savoirs », précise Charline.
Écoutez l’épisode précédent : Le féminisme lesbien, avec Ilana Eloit
A défaut de pouvoir attendre une formation nécessaire du personnel médical sur ces questions, le collectif Gyn&Co travaille à organiser la solidarité entre usager‧es par le référencement de praticien‧nes safe (sage-femme, généraliste et gynécologues). Dans un annuaire, on retrouve leur fiches, élaborées à partir des recommandations de la patientèle. « Nous partons vraiment des vécus des personnes. Elles doivent nous détailler précisément ce qu’elle ont trouvé de positif dans l’accompagnement du praticien. » Les étiquettes gros‧ses friendly, homoparentalité, hijab friendly se côtoient sur le site. Mais au même titre que les pratiques médicales, comme « endométriose » ou « accompagnement de grossesse », pour une recherche plus ciblée.
La playlist de la saison 2 : Un entretien réalisé par Romane Salahun. Produit par : Romane Salahun, Sophie Peroy-Gay. Photo de Une : Gyn&Co. Mixage et générique : Étienne Gratianette et Romane Salahun.