Une revue féministe de combat. La Déferlante sort en librairies cette semaine. Un bel objet papier co-fondé par Marie Barbier, ancienne journaliste de l’Humanité. Rencontre.
Marie Barbier est journaliste spécialisée dans les questions judiciaires. Au sein du journal l’Humanité, elle est surtout connue pour ses nombreux live-tweets de procès de violences sexuelles, comme l’affaire Baupin et l’affaire Tron. Avec trois autres professionnelles du monde de la presse, du documentaire et de l’édition, Lucie Geffroy, Marion Pillas et Emmanuelle Josse, elle co-fonde La Déferlante, en 2020. La revue assume une ligne éditoriale féministe et indépendante.
Du terrain, de l’international et des analyses d’expertes dans La Déferlante
Dans le premier numéro, publié le 4 mars 2021, les sujets ne rappellent en aucun cas un magazine féminin. Une bande-dessinée sur les femmes dans la lutte anti-nucléaire à Plogoff, suit un entretien croisé entre Céline Sciamma, réalisatrice et Annie Ernaux, autrice. Le reportage de fond emmène les lecteur·ices en Amérique latine, sur les pas du collectif féministe chilien Las Tesis. Il s’est rendu célèbre pour son chant “El violador eres tu”.
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Pour Marie Barbier, qui a vécu tant d’années au rythme des audiences et de l’actualité quotidienne, il faut « prendre le temps d’ancrer nos réflexions dans le temps long des mouvements féministes ». Les luttes contre le patriarcat sont aujourd’hui des forces politiques incontournables, qui ne cessent de s’amplifier depuis le mouvement MeToo.
Un média d’initiées ?
La Déferlante est-elle une revue d’expertes ? Pas tout à fait. « C’est un média grand public, qui veut décrypter l’époque, et remettre en scène les débats qui la bouscule ». Elle se veut accessible et inclusive, mais pas jusqu’à la contradiction : « inclure une diversité de pensées féministes ne veut pas dire visibiliser des personnes qui auraient des propos transphobes, ou islamophobes, par exemple ».
La Déferlante, « média engagé, mais non militant », paraitra chaque trimestre. Un bel objet, riche et documenté, faisant la part belle au terrain, aux investigations et aux expertes, et qui veut faire exister les paroles et les existences des femmes. « On dit souvent aux femmes qu’il ne faut pas qu’elle fassent de vagues. Le nom de la revue est un petit clin d’œil », sourit Marie Barbier. À bon entendeur.
Un entretien réalisé par Léone Laali.
Photo de Une: Catherine Merdy pour La Déferlante.