La bulle de La Chapelle gérée par Emmaüs et la Ville de Paris, ouverte en novembre 2016, a été démontée le 30 mars dernier. Ce centre humanitaire, d’une capacité de 350 places, a permis à plus de 25 000 migrants d’être pris en charge. Six mois après sa fermeture, Radio Parleur fait le point avec Alix Geoffroy, coordinatrice de terrain au sein d’Utopia 56, organisation co-gestionnaire de l’ex-centre humanitaire.
Un centre sous-dimensionné
Lors de son ouverture en 2016, sous l’impulsion de la maire de Paris Anne Hidalgo, la grande bulle jaune et blanche de la Chapelle avait fait naître de nombreux espoirs. Celui, d’abord, d’assurer sans condition la prise en charge médicale, administrative et psychologique de nombreux.ses migrant.e.s présent.e.s à Paris. Celui aussi de mettre fin aux campements de fortune qui fleurissaient dans la capitale. Cependant, les 350 places proposées n’ont pas été suffisantes et les campements se sont réinstallés au pied du centre. Malgré des interventions policières visant à éviter tout rassemblement, les exilé.e.s erraient pendant plusieurs jours, campaient devant la porte dans le froid et la pluie, dans l’espoir de rentrer s’y reposer quelques heures.
Une prise en charge insuffisante
Concernant la prise en charge, les associations ont vite déchanté : ce centre servait à appliquer des directives administratives parfois absurdes. Les mineurs étrangers isolés, par exemple, devait y subir une pré-évaluation de leur âge, alignés en rang d’oignon chaque jour, leur gobelet à la main. Une pré-évaluation sans aucune valeur légale. Alix Geoffroy dénonce également des pris.e.s en charge de tout.e.s les migrant.e.s en fonction de leur pays d’origine, et non de leur situation réelle. Les personnes LGBT+, notamment, se retrouvaient pas ou mal prises en charge car leur pays est considéré comme sûr alors qu’elles avaient été contraintes de le fuir sous la menace.
Cinq nouveaux centres, accessibles entre 3h et 4h du matin
Aujourd’hui, les distributions alimentaires se sont déplacées, à une porte de périphérique de là, sous les pylones en béton de la porte d’Aubervilliers. Pour autant, le commun des migrant.e.s à la rue n’a pas beaucoup changé depuis l’époque de la bulle. Il est fait de harcèlement policier, d’errance et d’attente interminable pour une réponse des services administratifs de l’Etat. Les cinq centres ouverts à la demande du ministre de l’intérieur, les CAES, n’ont pas beaucoup changé la donne. « Pour y accéder, il faut y aller entre trois et quatre heures du matin, sinon, ce n’est même pas la peine, c’est saturé, » esplique Alix Geoffroy. Elle veut lancer un appel à mobilisation. Car en attendant une meilleure gestion de la part de l’Etat et la mairie de Paris, les associations qui prennent soin des éxilé.e.s au quotidien ont besoin de dons et de bénévoles pour rendre le quotidien un peu plus vivable.