Le recyclage, solution écologique par excellence ? On en est loin. Sur les 8,3 milliards de tonnes de plastique produites à ce jour dans le monde, seules 9% sont recyclées. Dans son livre Recyclage, le grand enfumage, Flore Berlingen, militante de l’écologie et ancienne directrice de l’association Zero Waste France fait le tri entre promesses environnementales et réalités plus que douteuses.
« Trier, ce n’est pas jeter » est une croyance bien ancrée dans toutes les têtes. Mais la réalité est toute autre. Flore Berlingen explicite dans son livre « la non-recyclabilité de beaucoup de déchets qu’on pense recyclables », par faute de moyens, de techniques… Mais cela n’empêche surtout pas les entreprises d’indiquer sur leurs produits la mention « recyclable ». Et cette différence entre théorie et réalité enferme toute la subtilité de l’énorme nuage de fumée qui entoure le recyclage. Sur le sujet, Flora Berlingen signe un ouvrage riche et fourni, qui déterre des éléments bien enfouis…
Perte de matières, fuites, mythe du recyclage à l’infini dans une économie parfaitement circulaire… une bouteille ne redevient pas une bouteille. Flore Berlingen l’affirme : « le recyclage est une solution de dernier recours ». En réalité tout mettre en œuvre pour moins est la meilleure voie pour répondre à l’urgence écologique. Les extractions des matières premières croissent à toute vitesse. De leur côté, l’enfouissement et l’incinération des déchets demeurent, sans parler des coûts financiers et environnementaux que les techniques de recyclage engendrent. Cette méthode, au départ écologiste, ne peut pallier à elle seule les défauts de la surproduction et de la surconsommation. Au fond, selon l’autrice, le recyclage est devenu un argument pour persévérer dans notre économie linéaire et capitaliste.
« Comment l’économie circulaire est devenue l’argument du jetable »
Méchant·e citoyen·ne qui ne trie pas ses déchets. « On fait rentrer dans la tête de tout le monde cette idée que le déchet n’est un problème que s’il est laissé dans la nature », explique Flore Berlingen. En effet, la possibilité théorique de recyclage et la méconnaissance de la réalité permettent aux entreprises de jouer la carte environnementale dans leur stratégie marketing. Le problème de la production en elle-même de produits jetables – ou jetés avant leur fin de vie, tels que les textiles – n’est donc jamais posée.
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Qui est alors en charge du bon fonctionnement du recyclage ? Des éco-organismes entre autres, aux mains des producteurs et distributeurs eux-mêmes. Pas question de diriger les campagnes contre la réduction des produits jetables ou sur une meilleure information du citoyen, donc.
Recyclage, le grand enfumage est paru aux éditions Le grand échiquier. L’autrice a déjà écrit deux autres ouvrages : Le scénario Zero waste 2.0 paru en 2017 et Territoires Zero waste paru en 2019.
Un entretien par Vic. Photo de Une : Pierre-Olivier Chaput
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