« Il faisait juste un tour de vélo ». 2 ans après le décès d’Adama, une marche pour réclamer justice.

Samedi 21 juillet, 14 heures, Gare de Persan-Beaumont. Alors que l’affaire Benalla vient d’éclater, un flot ininterrompu de personnes sort du train et du car pour rejoindre celles et ceux qui les attendent. Un objectif commun : marcher pour Adama. Pour tous les Adama. A l’appel du Collectif Vérité et Justice, ce sont plus de deux mille personnes qui ont défilé. Revivez ce moment d’émotion et de mobilisation.

Deux ans après la mort d’Adama Traoré, décédé le jour de ses 24 ans dans la gendarmerie de Persan, la procédure judiciaire traîne, sa famille dénonçant un enlisement, voire un étouffement de l’affaire. S’ils ont obtenu un dépaysement, la reconstitution, qui permettra de comprendre les circonstances du décès d’Adama, a été repoussée plusieurs fois. Le rendez-vous est désormais fixé en septembre, alors que les trois gendarmes incriminés n’ont toujours pas été entendus.

« Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour » : c’est sur ces mots que le Collectif Vérité et Justice pour Adama nous avait laissé·e·s le 26 mai dernier en nous invitant à venir à Beaumont sur Oise pour commémorer les deux ans de la mort d’Adama Traoré. Pour faire de cette date un succès, le collectif n’a pas ménagé ses efforts en prenant la parole à la tribune de toutes les luttes : ONET, Cheminots, Universités, Quartiers Populaires, et d’autres encore.

Plusieurs députés et représentants politiques présent dans le cortège.

La pression avait également été mise sur les partis politiques de gauche : dès le 28 avril, Assa Traoré prévenait que l’événement permettrait de compter ses soutiens. Après quelques hésitations, ce sont finalement toutes les composantes de la gauche qui étaient présentes, de Benoît Hamon (Générations) à l’Action Antifasciste Paris-Banlieue, en passant par Philippe Poutou (NPA), Stéphane Troussel (PS), Esther Benbassa (EELV) et la France Insoumise, présente en nombre par l’intermédiaire de ses député·e·s Danièle Obono, Eric Coquerel, Mathilde Panot, François Ruffin et Alexis Corbière.

Le chercheur Mathieu Rigouste a parlé d’une « démonstration de force, de tendresse et de détermination », et effectivement l’émotion était palpable tout au long de la marche, que ce soit en réponse aux slogans lancés par Assa Traoré, lors d’un arrêt devant la gendarmerie où Adama est mort ou à l’arrivée de la marche sur le terrain de sport de Boyenval. A la tribune, de nombreuses familles de victimes des violences policières s’expriment,  toutes venues témoigner de leur lutte depuis le décès d’un des leurs, de « leur vie brisée », comme nous le souligne Ramata, la sœur de Lamine Dieng, étouffé il y a 11 ans par un plaquage ventral, la même technique utilisée pour immobiliser Adama Traoré en 2016.

Pour toutes les victimes de violences policières : justice et dignité.

Dans une ambiance familiale qui se voulait malgré tout festive, la soirée s’est prolongée par un concert et la diffusion en avant-première d’un documentaire retraçant la mobilisation du collectif Vérité pour Adama depuis le 20 juillet 2016, au lendemain de sa mort. Pour Assa Traoré, cette journée est un succès qui en appelle d’autres, point de départ d’un mouvement qu’elle imagine déjà renverser la table.

DANS L’OBJECTIF :

Revivez cette marche en image avec les photos de Tristan Goldbronn.

Un reportage réalisé par Selyne Ferrero et Antoine Laurent-Atthalin

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