Le Petit Bleu, c’est une série documentaire autour des transidentités portée par Pawel et Adèle, deux étudiant·es en audiovisuel. Ensemble, iels proposent un cadre de discussion apaisé et intime, où chaque invité·e est invité·e à développer un sujet sur une trentaine de minutes. Après un financement participatif, la série repart pour une seconde saison.
Le Petit Bleu est un ovni dans le paysage médiatique, aux antipodes de la manière dont sont traitée habituellement les transidentités. « Les exemples que j’avais d’interview de personnes trans c’était souvent les trucs à la Konbini ou Brut. Hyper court. En 4 minutes 30, on est censé t’expliquer le parcours d’une personne trans. Donc mon premier truc, c’était que je voulais qu’on ait le temps », explique Pawel. « J’ai envie de proposer à une personne de parler pendant 30 minutes que je garde. »
Le format n’est pas sans rappeler celui de Thinkerview. Mais là où la série apporte du nouveau, c’est dans la réappropriation de la parole. Même si les personnes trans sont de plus en plus visibles dans le paysage médiatique, ce sont les personnes cisgenres qui racontent encore leurs récits. Mais pas ici : l’entretien est mené par des personnes trans. Cela permet de parler des transidentités au pluriel, sans tomber dans la vision lissée habituellement mise en avant.
Nuancer les regards stéréotypés
C’est cette ambition de départ qui donne naissance au format très particulier de la série. Chaque épisode est un échange. Il commence par une introduction mise en scène de deux minutes. Elle permet à l’invité·e de se présenter de la manière dont iel a envie, par l’image et par le son. Une demi-heure d’entretien non-coupé permet ensuite à Pawel de mener l’interview, de dos en amorce. Sans coupure, et tout en gérant le son. « L’inspiration de base pour la forme c’est l’Abécédaire de Gilles Deleuze. Je ne suis pas du tout à l’aise à l’image. J’ai voulu trouver une forme qui soit dynamique, tout en évitant le champ / contrechamp, pour qu’on ne me voie pas. »
C’est ce dispositif qu’Adèle et Pawel ont développé avec leurs invité·es, tout au long de cette première saison. Des thématiques variées, allant de l’apocalypse au regard cisgenre au cinéma en passant par les relations de couple. « J’avais envie aussi que la thématique soit choisie par les invité·es. Ça permet de s’assurer qu’iels soient à l’aise avec le sujet. »
Si les sujets sont variés, Pawel souhaite que les parcours représentés le soient aussi. « On essaye d’avoir des personnes aux parcours variés. Car il y a autant de parcours trans que personnes trans. Mais on peut faire encore mieux pour la saison prochaine. » Bonne nouvelle : le premier épisode sort justement ce dimanche 3 octobre !
Un article écrit par Elin Casse. Photo de Une : Elin Casse.