À la veille des primaires d’Europe Écologie Les Verts, Radio Parleur s’interroge sur la façon dont l’écologie se déploie dans les quartiers populaires. Léa Billen, géographe et autrice d’une thèse sur les initiatives citoyennes écologiques dans les quartiers populaires, répond à nos questions.

L’objet d’étude de Léa Billen pourrait sembler paradoxal. En effet, comme le confirme cette chercheuse en géographie, les habitant‧es des quartiers populaires sont critiqués par la doxa pour leur manque de conscience écologique. Une opinion qui ne résiste pas à l’examen des faits. Ce sont elle‧eux qui ont l’empreinte écologique la plus faible, à la différence d’habitants de quartiers plus favorisés. La représentation majoritaire de ces quartiers est une « théorie de l’indifférence de la part des classes populaires à l’écologie ». Pour Léa Billen, « l’idée est que l’écologie ne serait pas la priorité des classes populaires. Cela concernerait essentiellement une classe moyenne aisée qui a dépassé la question de la survie. » Pourtant, l’écologie ne se cantonne pas aux définitions réductrices des choix individuels impactant le simple mode de vie des habitant‧es des centres-villes. La politisation du concept amène même à penser que les initiatives écologiques dans les quartiers populaires sont centrales.


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Une parole politique illégitime

En réalité, les habitant‧es des quartiers populaires s’emparent depuis longtemps des questions écologiques. Parler de logement, d’alimentation, de cadre de vie, d’urbanisme, c’est parler d’écologie au sens premier du terme. Récemment, des figures comme celles de Fatima Ouassak, permettent de visibiliser ces initiatives politiques. La politologue et fondatrice du Front de Mères a beaucoup œuvré au rapprochement entre dynamiques écologistes issus des centres-villes et celles qui existent en banlieues. Pourtant, la parole reste délégitimée lorsqu’elle sort des quartiers. Il est difficile pour les habitant‧es de s’exprimer sur leurs conditions de vie, quand bien même iels sont bien souvent les principales victimes des pollutions. Comment y remédier ? Léa Billen, loin des réponses toutes faites, y apporte des éléments de réponses féconds pour l’avenir du mouvement écologiste.

Un entretien réalisé par Thomas Hiahiani. Photo de Une : Léa Billen.