Le soutien à la Palestine est-il toujours un marqueur politique à gauche en France ? Les moyens de mobilisation et les revendications de la cause palestinienne ont-ils évolué ? Comment s’incarne la nouvelle génération de militant·es, dans les mouvements citoyens, en dehors du cadre traditionnel des partis ? Cette semaine, on parle Palestine et gauche française en 2021, dans votre podcast Penser Les Luttes.
Nos invité·es :
- Isabelle Avran est journaliste, spécialiste du Proche-Orient et autrice de deux livres sur Israël et la Palestine, parmi lesquels Israël-Palestine : la paix est possible, aux éditions l’Harmattan. Elle est collaboratrice à la revue OrientXXI.
- Dominique Vidal est historien et journaliste, spécialiste des relations internationales et notamment du Proche-Orient, collaborateur du Monde diplomatique et auteur de nombreux livres sur la question israélo-palestinienne dont : Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron, aux éditions Libertalia.
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On en parle moins en France, mais le conflit israélo-palestinien n’a pas disparu. Une nouvelle flambée de violences a d’ailleurs embrasé Jérusalem au printemps dernier. Le 21 mai, un cessez-le-feu met un terme (provisoire) à un mois d’affrontements meurtriers, laissant un bilan de 272 morts (dont 256 palestinien‧nes) et des milliers de blessé‧es.
À l’origine de l’escalade, la menace d’expulsion de familles palestiniennes au profit de colons juifs, dans le quartier de Cheikh Jarrah. En période de Ramadan, les heurts ont été particulièrement violents le 8 mai, pour la Nuit du Destin. Ce jour, l’un des plus importants de l’année pour les musulmans, des émeutes ont éclaté sur l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’Islam et site le plus sacré de la religion juive. Une actualité qui a alors replacé le conflit sur le devant de la scène médiatque, l’espace de quelques semaines.
En France et depuis la seconde Intifada (2000), les répercussions du conflit israélo-palestinien façonnent largement les relations entre politiques, militant‧es, citoyens arabes, musulmans ou non, et juifs. A tel point que la question palestinienne s’est imposé comme l’un des marqueurs de la vie politique française. Pourtant, cette fois, l’écho du conflit n’est pas parvenu jusqu’à l’Hexagone.
La mobilisation de l’opinion ne passe plus par le cadre traditionnel des partis politiques de gauche
A Paris, le 15 mai, une manifestation de soutien au peuple palestinien est interdite par les autorités. Ces dernières déclarent redouter des slogans antisémites et des actes de violence. Un rassemblement s’est quand même tenu dans le quartier de Barbès (18e arrondissement). L’absence des grands partis politiques français, en particulier ceux de gauche, s’y est avérée éclatante. Ainsi, à l’exception du Parti communiste français (PCF) et du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), personne ne s’est déplacé. Même la France Insoumise (LFI), qui avait pourtant protesté contre l’interdiction du rassemblement, n’était pas officiellement représentée à travers ses cadres.
Une dynamique de solidarité animée par les mouvements citoyens, hors de la rue
En parallèle, la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) qui vise au boycott d’Israël semble gagner en visibilité. Le mouvement, lancé en 2005 par des militants pro-palestiniens, syndicaux, politiques et associatifs, s’inspire du boycott de l’Afrique du Sud dans les années 1980. Pourtant, son impact sur le plan économique, diplomatique et politique reste difficile à mesurer. Mais chaque nouvelle campagne de boycott fait connaître un peu plus le mouvement et semble confirmer l’évolution de l’opinion publique à travers les campagnes de la société civile.
Alors quelle est la situation en Palestine au moment où nous enregistrons ce podcast ? Le soutien à la cause palestinienne est-il toujours un marqueur politique pour la gauche française ? Les manifestations de rue ont-elle laissé place à d’autres moyens de mobilisation ? À gauche, quelles voix en soutien à la Palestine, c’est le sujet de ce nouveau podcast de Penser Les Luttes.
Animation : Tristan Goldbronn. Co-animation : Nabil Izdar. Production : Selim Ittel El Madani