Manifestation 5 décembre grève générale, une femme brandit un drapeau rouge, symbole de la Commune de Paris

Ludivine Bantigny : “la Commune continue d’inspirer les luttes”

« Elle n’est pas morte ! » Dès 1886, le poète et révolutionnaire Eugène Pottier en a la conviction : la Commune de Paris n’a pas dit son dernier mot. À l’occasion de son 150ème anniversaire, on remonte le temps pour faire le lien entre héritage de la Commune et luttes actuelles avec l’historienne Ludivine Bantigny.

L'historienne Ludivine Bantigny
Ludivine Bantigny, historienne, spécialiste du travail, des mouvements sociaux et des révolutions. Photographie : © Hervé Thouroude.

Maîtresse de conférences en Histoire contemporaine à l’Université de Rouen, Ludivine Bantigny est l’autrice de La Commune au présent : une correspondance par-delà le temps. L’ouvrage, paru en mars dernier aux éditions La Découverte, est un recueil de lettres adressées directement aux communard‧es, jusqu’à les tutoyer. Elle s’explique : « C’était une façon de rendre la Commune véritablement vivante. Je voulais les incarner, les montrer dans leur histoire, dans leur espoir, dans leur projet. »

La Commune de Paris, de quoi parle t-on ?

Longtemps écartés des programmes scolaires, les 72 jours de l’insurrection parisienne n’évoquent pas toujours un souvenir historique très clair. Aujourd’hui encore, peu de personnes en dehors des cercles militants situent vraiment l’événement. Pour rappel, le 18 mars 1871, la France s’empêtre dans une guerre sans fin contre la Prusse. La capitale est assiégée. Alors que le pouvoir républicain d’Adolphe Thiers veut capituler, une partie du peuple parisien s’y refuse. C’est l’insurrection. « Pour la première fois, des gens modestes sont élus et accèdent au pouvoir », souligne Ludivine Bantigny. Démocratie directe, droits des femmes, justice sociale, égalité, et donc remise en question du capital, les communard‧es s’auto-organisent autour de principes et de questions révolutionnaires. La Commune pose ainsi les jalons d’un nouveau modèle celui de la république sociale. Pourtant, elle est violemment réprimée par l’armée versaillaise, lors de la Semaine sanglante du 21 au 28 mai 1871.


Sur le même thème : La Commune, une histoire en commun par Politis 


« La Commune reprend vie » dans les les luttes actuelles

Ouvrières, instituteurs, piqueuses de bottines, couturières, cantinières : pour l’historienne, ce sont « les échos passés d’un monde à venir ». Elle poursuit : « La Commune continue d’inspirer les luttes sociales modernes. » Ainsi, des Zones à défendre aux Gilets jaunes, les références à la Commune et à ses figures se multiplient. Certain‧es s’appliquent même à célébrer au quotidien la mémoire des communard‧es, à l’image du collectif Faisons vivre la Commune ou des Amies de la Commune. C’est pourquoi Ludivine Bantigny l’assure, plus que jamais, « la Commune reprend vie ».

Un entretien de Valentine Hullin. Photo de Une : Sylvain Lefeuvre pour Radio Parleur.

Archives sonores : La Compagnie Jolie Mome – Message capital aux électeurs : appel du comité central de la garde nationale aux électeurs parisiens, le 25 mars 1871.

 

Vous êtes les garant·es de notre indépendance. Nous sommes fièr·es de ce modèle.

Défendons-le ensemble !