Lundi 8 mars, les sages-femmes se sont mobilisées à travers le pays. En cette journée internationale des droits des femmes, elles dénoncent le mépris pour une profession largement féminisée. En grève depuis janvier, les sages-femmes réclament des effectifs supplémentaires pour mieux accueillir leurs patientes, mais aussi l’accès à un statut médical et une revalorisation salariale. Reportage à Saint-Brieuc (Côte d’Armor).

En cette journée internationale des droits des femmes, les sages-femmes se sont rassemblées place Dugueslin à Saint-Brieuc. Coiffées d’un ruban rouge et d’une blouse rose, elles soutiennent les associations féministes. « Nous sommes là pour vous accompagner » déclare Anne Kerguelen devant une foule essentiellement composée de femmes. Sage-femme à l’hôpital de Saint-Brieuc, elle témoigne du manque de personnel pour accueillir dans de meilleures conditions les patientes. « Quand vous avez une garde très chargée, et que vous souhaitez être plus longtemps auprès des femmes qui accouchent, vous vous considérez comme maltraitante car vous ne pouvez pas leur apporter tout ce dont elles ont besoin. »

Depuis janvier, les sages-femmes sont en grève. Du côté des pouvoirs public cependant, on fait la sourde oreille. Un mépris qu’elles justifient par le fait d’exercer un métier très largement féminisé. Les professionnelles de la maïeutique sont 23000 en France, dont 98% de femmes. Une proportion loin d’être équivalente dans les sphères de pouvoir. Elisa, sage-femme à l’hôpital de Saint-Brieuc souligne d’ailleurs  « le patriarcat des médecins » (troisième profession la plus représentée chez les député‧es).

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Un cortège de sage-femmes en bonne place dans le défilé parisien du 8 mars, alors que la profession connaît un important mouvement social. Crédit : Nabil Izdar

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Une profession aux compétences largement sous-estimées

Les sages-femmes s’occupent des accouchements, des IVG, des examens gynécologiques, de la contraception…  Au niveau de la loi, leur statut est intégré au corps médical, mais la réalité est tout autre. « On revendique l’application des textes et un statut médical. On veut pouvoir prescrire les arrêts de travail d’une femme enceinte qu’on suit. Actuellement, on ne peut lui prescrire que deux semaines. Ensuite, elle doit se référer à son médecin généraliste : on multiplie ainsi les consultations et les dépenses pour la sécurité sociale », explique Elisa.

Une revalorisation salariale à la hauteur de leur compétence

« Les missions des sages-femmes se sont élargies, mais sans revalorisation salariale. Une sage-femme qui démarre à l’hôpital est payée un peu de plus de 1700€ net. Il y a une certaine précarité chez les sages-femmes. Elles peuvent rester contractuelles pendant quatre à six ans, sans augmentation de salaire », témoigne Anne Kerguelen.

Lors du Ségur de la Santé, la profession a obtenu une hausse de salaire de 183€ mensuelle. Une goutte d’eau face à l’investissement des sages-femmes pendant la crise sanitaire liée au Covid-19. Le 24 février, elles ont rencontré le cabinet d’Olivier Véran. A l’issue de la rencontre, un calendrier de revalorisation salariale a été acté. Les sages-femmes comptent donc poursuivre leur grève, si elles ne voient pas arriver les améliorations promises.

Un reportage de Yelena Parentaud. Photo de Une : Rassemblement des sages-femmes à Saint-Brieuc, Yelena Parentaud pour Radio Parleur.

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