Jeudi 4 février, le procès de Sanofi s’est tenu à Paris, devant le siège social du groupe pharmaceutique. Un acte symbolique mené par des salarié⋅es alors que l’entreprise accuse des mois de retard dans la recherche d’un vaccin contre le Covid-19. En juin dernier, elle a aussi lancé un plan de 1 700 suppressions de postes, dont 1 000 en France. Une conjoncture qui n’empêche pas Sanofi de reverser plus de 4 milliards d’euros à ses actionnaires.

Première diffusion le 6 février 2021

400 salarié⋅es des différents sites de Sanofi en France étaient mobilisé⋅es ce jeudi 4 février pour exprimer leur ras-le-bol face aux plans de restructuration mis en place ces dernières années au sein de leur entreprise. Le rendez-vous était fixé à 10 heures devant le siège du groupe pharmaceutique situé dans le VIIIe arrondissement de Paris.

Ils et elles ont été rejoint‧es par les raffineurs du site Total de Grandpuits, concerné‧es également par des suppressions d’emplois ainsi que par le député Insoumis Francois Ruffin. Pendant plusieurs heures, les salarié⋅es et leurs soutiens ont mené un procès fictif contre les dirigeants de Sanofi, accusés de sacrifier la recherche médicale au profit de ses actionnaires.

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Parmi les salarié⋅es en colère, Sandrine est chimiste depuis trente-cinq ans à Montpellier. Dans l’Hérault, son site est touché par la suppression de cinquante-cinq postes en recherche et développement. Elle déplore l’évolution de son métier : « Aujourd’hui, je travaille plus pour rémunérer des actionnaires que pour soigner une population. »

Le fiasco du vaccin : « C’est le résultat du désinvestissement de l’État dans la recherche publique »

Fabien, travailleur dans la production de vaccin sur le site de Lyon, explique l’impact des différents plans de restructuration sur le retard de la recherche d’un vaccin contre le Covid-19 en France. Il dénonce également le manque d’investissement de l’État dans la recherche publique. « Moins de 2% de son PIB », affirme le producteur. Il pointe aussi du doigt l’affaiblissement de la recherche publique face aux grandes multinationales pharmaceutiques.

Le procès se conclut par l’intervention de François Ruffin, député de la Somme. Il  dénonce la non-assistance de l’État dans le naufrage de Sanofi et l’incapacité à «demander des comptes aux géants du monde pharmaceutique».


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Au rassemblement des salariés de Sanofi devant les locaux de l’entreprise, dans le VIIIe arrondissement de Paris, le 4 février 2021. Photographie : Pierre-Olivier Chaput

Car la colère des salarié⋅es et le fiasco sur le vaccin n’empêchent pas l’entreprise d’engranger des bénéfices. Vendredi 5 février, le directeur général Paul Hudson annonçait un résultat positif de de 12,3 milliards d’euros pour l’année 2020.

Une somme qui devrait permettre au groupe pharmaceutique de reverser plus de 4 milliards d’euros à ses actionnaires. La direction rappelle que les salarié⋅es sont, pour un grand nombre d’entre eux, actionnaires de l’entreprise. Qu’importe. L’annonce de ces dividendes record passe mal alors qu’un plan social menace un millier d’employés de Sanofi dans l’Hexagone.

Le gouvernement très discret face au fiasco Sanofi

Depuis la fin du mois de janvier, de nombreux parlementaires dénoncent « l’indécence » du groupe pharmaceutique. Mais du côté du gouvernement, on se contente de promettre que le plan social présenté aux syndicats de Sanofi respectera les engagements pris en juin dernier – des départs volontaires uniquement, aucune fermeture de site, et un investissement de 610 millions d’euros dans le futur pôle d’excellence pour les vaccins. Une promesse déjà menacée, selon les syndicats de l’entreprise, par la fermeture envisagée du site de Strasbourg.

Sur le terrain ce 4 février, les salarié⋅es ont promis de continuer leur mobilisation. Puis,  sous les acclamations des manifestant⋅es, le cortège s’est rendu jusqu’à la place de la République. Il y a rejoint la manifestation interprofessionnelle aux côtés des professeur⋅es, des cheminot⋅es, du personnel soignants et des étudiant⋅es.

Un reportage réalisé par Yelena Parentaud. Photos : Pierre-Olivier Chaput.

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