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A Gap, l’ambition d’un lieu de vie autogéré avec des migrants

Après l’expulsion de la maison Cezanne en 2018, puis du Cesai en aout dernier, le lieu « Chez Roger » est ouvert à la fin de l’été. Ici à Gap, à quelques dizaines de kilomètres de Briançon et de la frontière italienne, on est sur la route de l’exil, une des dernières étapes avant Marseille ou Paris. Et pourtant ils sont quelques uns, venant principalement d’Afrique de l’Ouest, à s’arrêter ici dans la préfecture des Hautes Alpes.

En 2016, constatant l’inaction des pouvoirs publics et en pleine « crise des réfugiés », est ouverte la maison Cezanne à Gap. Un lieu d’accueil pour les exilé·es, qu’iels soient de passage ou qu’iels veuillent s’installer dans la région. Elle est expulsée en octobre 2018, et le Cesai en plein centre-ville est alors ouvert avant d’être à son tour expulsé le 19 août 2020. Le lieu « Chez Roger » est ouvert dans la foulée. Près de cinquante personnes, des migrants, retrouvent alors un toit à Gap.

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Les semaines passant, la gestion du collective du lieu par les demandeurs d’asile et les solidaires est devenu un réel enjeu. Crédit : Antoine Guirimand pour Radio Parleur.

Palier les déficiences de la mairie et de l’Etat

« Ce lieu on l’a nommé Chez Roger parce qu’il appartient à Roger Didier, le maire de Gap », nous explique Julie, une militante solidaire. « Le maire avait refusé la création d’un centre d’hébergement de 80 places en 2018. Donc sans solution, on va directement chez lui », raconte Leila, qui pointe le soutien affiché du maire aux expulsions.

Parmi les habitant·es, beaucoup sont demandeur·euses d’asile. Or d’après la loi iels sont censé·es être pris·es en charge par l’État avec une aide financière et un logement. Si ils et elles reçoivent bien l’ADA (Allocation pour demandeur d’asile), les dispositifs d’hébergement en CADA (Centre d’accueil des demandeurs d’asile) sont saturés.


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Vivre en collectif malgré les différences

Évidemment, l’organisation du lieu n’est pas une mince affaire. « On [les solidaires, ndlr] se réunit tous les quinze jours pour des réunions. Il y a aussi un mercredi sur deux des journées “bricole” pour tenter d’améliorer un peu le quotidien des habitants, et différentes commissions : médias, aide juridique, santé, qui se réunissent régulièrement », nous explique Julie.

Concernant l’implication des habitant·es, les difficultés sont encore plus grandes. La militante solidaire pointe à la fois les barrières du nombre, de la langue et des cultures, mais aussi des priorités.

Début novembre, un procès a eu lieu pour expulser le squat Chez Roger. Pour Leila, « il y aura expulsion. Mais la question c’est de savoir si on aura des délais... » Le verdict sera rendu le 5 janvier 2021. En attendant, à Gap, la solidarité avec les migrants résiste.  

Reportage d’Antoine Guirimand. Photo de Une : Antoine Guirimand pour Radio Parleur

 

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