Le 15 décembre 2017, à Fives, un quartier populaire de Lille, Sélom, 20 ans et Matisse, 18 ans meurent percutés par un train. L’enquête, rapidement menée, conclut à un simple accident. Mais très vite, des doutes émergent. En attendant que la justice leur fournisse un jour des réponses, elles se battent pour connaître la vérité et obtenir justice pour la mort de leurs fils. Un combat en quête de reconnaissance.
Aujourd’hui les deux mères, surnommées « les lionnes » par les gens qui les suivent, se sentent vivantes parce qu’elles luttent. Valérie confie avoir tenté de se suicider peu de temps après la mort de Matisse. Peggy s’était donné une date pour mettre elle aussi fin à ses jours, « à l’hôpital ma fille Emefa m’a fait faire une promesse : c’est de ne pas me suicider. J’ai dû me faire double violence. Parce qu’on ne perd pas un de ses enfants. »
L’équilibre est toujours fragile, mais la solidarité des milieux militants agit comme un baume, et un soutien essentiel. Le soutien spontané d’Assa Traoré, emblème du combat pour la vérité et la justice suite au décès de son frère Adama, à Beaumont-sur-Oise lors de son interpellation par des gendarmes, les aident à redonner un sens à leurs vies fracassées par le drame.
Depuis trois ans, avec l’aide du collectif CRIME Lille (Contre la répression des individus et des mouvements d’émancipation) et le collectif Sélom et Matisse, elles essaient de maintenir la pression sur une instruction qu’elles jugent trop lente. L’avocat Franck Berton a pourtant apporté récemment de nouveaux éléments à une nouvelle, et troisième juge d’instruction, en vain. L’affaire piétine.
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Les demandes de complément d’enquête ont toutes été rejetées, tout comme la demande de reconstitution des faits. Les familles ne comprennent pas. Trois ans après la mort de Sélom et Matisse, Peggy et Valérie doutent de plus en plus que la justice leur apporte un jour des réponses. Elles redoutent de ne jamais connaître la vérité, ni obtenir justice pour la mort de leurs fils. Assise dans son canapé, Peggy tire une dernière fois sur sa cigarette avant de l’écraser. Elle se redresse : « Au moins, en me battant, j’ai l’impression d’être vivante. J’ai l’impression de continuer à le faire vivre. »
Retrouvez tous les épisodes de cette série ici :
Une enquête menée par Yann Levy (Bastamag) et Tristan Goldbronn. Réalisation par Etienne Gratiannette. Photo de Une : Yann Levy pour Bastamag.
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