Depuis le reconfinement, Radio Pirate émet tous les soirs sur les ondes de Youtube et Twitch. Un seul objectif : créer du lien social et rompre avec l’isolement. Rencontre avec Marlene, 22 ans, l’une des matelot·es ayant rejoint cette odyssée radiophonique.
L’idée est partie d’un simple tweet de la journaliste et autrice Pauline Moszkowski-Ouargli (qui collabore régulièrement avec Radio Parleur), le 27 octobre dernier.
Salement envie de lancer une radio pirate tous les soirs à 20h30 qui dure genre 30 min et où les gens peuvent balancer les patrons et le gouvernement.
— Pauline (@paulinemski) October 27, 2020
Deux jours plus tard, Radio Pirate diffusait sa première émission, en direct. Marlene, étudiante en science politique à Lille, a aussitôt rejoint le projet radiophonique. Au total, une cinquantaine de volontaires font vivre cette radio. « On avait tous plus ou moins la même idée en tête : diffuser des formats courts, en direct, qui soient ré écoutables. Et surtout donner la parole, de donner de la voix et surtout de rompre l’isolement de ce deuxième confinement », déclare la jeune femme.
Militer malgré l’interdiction de sortir
« On est des gens confiné·es, et malgré tout, on ne s’arrête pas de vivre, on ne s’arrête pas de penser ». Pour Marlene, Radio Pirate est un moyen de lutter contre l’isolement, mais aussi militer. « On y parle de sujets qui nous touchent, de sujets politiques mais pas seulement. On voulait se donner un espace où l’on puisse parler de ce qu’on aime », indique l’étudiante de 22 ans.
De nombreux thèmes sont abordés : féminisme, antiracisme ou encore conditions de travail. « Ce sont des sujets qui ne sont pas forcément abordés sur les radios mainstreams. On donne aussi la parole aux travailleurs et travailleuses sur leurs conditions de travail », détaille Marlene. Les pirates traitent aussi de sujets plus légers : recommandations de séries, de podcasts, de jeux de société.
Une organisation auto-gérée
Pour son lancement, Radio Pirate a rencontré quelques difficultés techniques. Il fallait choisir un mode de diffusion, d’enregistrement. « On a mis du temps et de l’énergie pour s’organiser », confie Marlene avant d’ajouter : « On construit en permanence ce projet collectif ». Les pirates ont rapidement mis en place un système autogestionnaire. Les rôles de chacun·e tournent et tous·tes participent à l’animation, la prise de décision, la technique, etc. Un joyeux bazar qui fonctionne bien puisque tous les soirs, Radio Pirate est à l’antenne.
Un acte politique
Cette Radio Pirate s’inspire des radios libres des années 60, notamment Radio Caroline. « Mais nous on reste dans la légalité, on diffuse des musiques libres de droit », sourit Marlene. « Ce qu’on fait est politique : donner la parole, donner de la voix. Rien que parler publiquement c’est politique. On s’organise en autogestion, ce n’est pas rien dans une société très hiérarchisée, basée sur des principes d’ordre », assure la jeune femme.
Lors de la première diffusion, l’émission a rassemblé plus de mille auditeurs et auditrices. Depuis, environ 200 personnes sont au rendez-vous chaque soir en direct sur Twitch. « Nous sommes écouté·es, ça a de l’impact ». Et ensuite ? Marlene espère que ce type de radio survivra au déconfinement et deviendra un moyen de militer sans forcément être sur les piquets de grève ou en manifestation.
Un reportage de Marion Pépin. Photo de Une : Radio Pirate.
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