Depuis le mois de mai, syndicats étudiants et associations luttent pour reloger onze étudiant·es sans abri à Toulouse. Mardi 13 octobre, elles et ils ont organisé une action devant le restaurant universitaire de l’Université du Capitole.
Une couverture sur le sol en guise de matelas, la crainte de dormir à la rue ou encore les squats… Voilà le quotidien des onze étudiants sans abri, accompagnés par l’association du Droit au logement (DAL 31) à Toulouse.
Mardi 13 octobre, aux alentours de midi, un collectif de onze étudiant·es sans abri organisent une action devant le restaurant universitaire de l’Université du Capitole. Ils s’aident de plusieurs associations et syndicats étudiants : le DAL, l’Union des Étudiant·es de Toulouse (UET), le collectif de défense des étudiant·es sans papier… Avec un objectif : interpeller le Crous et la Préfecture de Haute-Garonne sur la situation de grande précarité de ces étudiant·es.
“La préfecture mène une politique totalement illégale”
Une partie des ces 11 étudiant·es a obtenu un avis favorable au Droit à l’hébergement opposable (DAHO). Cette procédure oblige la préfecture à proposer un logement conforme dans un temps imparti de 6 semaines.
« Cela fait six mois qu’il ne se passe rien, la préfecture ne respecte pas le droit, nous sommes arrivés à un stade où nous rendons visible le fait que la préfecture mène une politique totalement illégale », s’insurge Louis, étudiant à l’Université du Mirail et militant à l’UET et au DAL.
Associations et syndicats luttent pour que le Crous, censé s’occuper de l’hébergement de toutes et tous les étudiant·es, mette à disposition ses chambres vacantes afin d’accueillir les jeunes sans-abris.
« Cet été, le Crous avait 2766 places vides. Malgré toutes nos sollicitations, ils ont refusé d’accorder ces chambres aux 11 étudiants. La Préfecture se fait condamner en justice. Elle paye des sommes astronomiques qui peuvent avoisiner les 3000 euros par mois pour loger des étudiants dans des hôtels du 115 », détaille Louis. Le DAL souhaite la mise en place d’un accord institutionnel entre le Crous et la Préfecture pour loger ces étudiant·es en chambres universitaires.
“L’État ne veut pas de nous en France”
Ahmed fait parti des onze étudiant·es accompagné par le DAL. Arrivé d’Égypte en 2017, il s’est installé à Toulouse pour suivre des études d’informatique. Malgré un avis favorable au DAHO, il n’a toujours pas accès à un logement décent. Il explique sa situation : « En arrivant en France, j’ai demande un logement au Crous. Mais cela m’a été refusé, car je suis sans-papiers. Je dormais chez des connaissances, et depuis six mois je dors dans un squat que je partage avec six autres familles ».
Le jeune homme entre en troisième année universitaire. Pour lui cela devient toujours plus compliqué de suivre les enseignements : « Les professeurs sont au courant de la situation, mais ils ne peuvent rien faire. Je n’ai pas validé toutes les matières. Donnez-nous les moyens d’étudier et je serai un bon étudiant, mais l’État ne veut pas de nous en France ».
De son côté, Leïla* étudiante en sciences de l’éducation est dans la même situation que Ahmed : « Je suis arrivée d’Algérie il y a trois ans, mais ma vie ici est très compliquée ». La jeune femme est logée dans un foyer et partage un logement avec deux autres personnes : « J’habite avec une femme âgée de 74 ans, donc je ne peux pas faire de bruit, allumer la lumière le soir pour étudier, c’est impossible ».
Absence de solutions du côté des institutions
Contacté à ce sujet, le Crous n’a pas souhaité répondre à nos questions, nous renvoyant vers la Préfecture. Même son de cloche chez celle-ci, qui n’a pas répondu à nos sollicitations d’interviews.
« Cela fait six mois que nous nous faisons ignorer par la préfecture, et pendant ce temps ces étudiants sont toujours à la rue après les cours », scande dans un mégaphone Nina Condeço, porte-parole du DAL 31. Elle poursuit : « Lorsque nous échangeons avec les étudiants en chambre universitaire, nous savons qu’il y a pas mal de chambres vacantes ».
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Malgré les actions menées depuis six mois par les associations, la préfecture n’a toujours pas proposé de solutions aux onze étudiants. Un problème de précarité étudiante plus global selon Louis militant à l’UET et au DAL : « Nous savons pertinemment qu’il y a beaucoup plus que onze étudiants sans abri. Nous estimons à quarante voire cinquante le nombre de jeunes mal logés à Toulouse ».
*Ce prénom a été modifié à la demande de l’intéressée.
Un reportage d’Auriane Duroch. Photo de Une : Auriane Duroch pour Radio Parleur.
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