À la sortie du confinement, l’Inter-LGBT a annoncé le report de la Pride 2020, la marche des fiertés annuelle, à novembre. En désaccord avec cette manifestation, 62 associations et collectifs ont organisé ce samedi 4 juillet une Pride alternative avec un mot d’ordre : “Nos fiertés sont politiques”. Un retour marquant de revendications militantes après plusieurs éditions d’un événement festif et ouvert aux marques commerciales.
Entre 3000 et 7000 personnes ont joyeusement défilé à Paris, samedi, pour une marche des fiertés alternative. Les manifestant·es ont quitté le quartier de Pigalle dans le nord de Paris pour rejoindre la place de la République.
À l’avant du cortège, une pancarte hissée sur un camion résume la principale revendication de cette marche non-officielle “Nos fiertés sont politiques”. La foule, elle, est jeune et multiculturelle. Le défilé se déroule sans incidents au rythme de plusieurs happening revendicatifs organisés par les associations impliquées dans l’événement.
Une manifestation sans chars, sans inter-LGBT et sans publicité
« L’inter-LGBT chapeaute depuis de nombreuses années des Prides qui sont très commerciales, avec des tendances politiques plutôt douteuses ». Au sein du cortège, Drass, militante de la lutte contre le SIDA, souligne les décisions controversées de la coordination qui organise habituellement la Pride.
Elle pointe la présence, l’année dernière, d’un char du fabricant de cartes bancaires MasterCard, ou encore d’un autre de l’association FLAG, l’association des policiers LGBT. Deux décisions qui ont suscité de nombreux débats au sein de la communauté LGBT. Des critiques partagées par l’association FièrEs, qui souhaite cependant sortir de la comparaison systématique avec l’inter-LGBT. “On tient à revendiquer une Pride qui nous soit propre, qui nous représente, sans être capitaliste et en étant inclusive de tous et toutes.”
Pride 2020 : « Les LGBTs savent très bien ce qu’est une pandémie »
Militer malgré l’épidémie, ce n’est pas une nouveauté pour les mouvements de lutte LGBT. Ils le font depuis 50 ans et l’apparition du VIH. “Ce confinement a servi de prétexte pour faire taire les débats, et recentrer l’attention sur le contrôle du corps et des frontières” s’indigne Giovanna Rincon, co-organisatrice de la marche Existrans et porte-parole de l’association Acceptess-Transgenre. “Il y a donc une nécessité d’être ici aujourd’hui, de rappeler a quel point nos luttes sont politiques. Que nous nous battons contre toute forme d’oppression.”
Tous les collectifs ont pu organiser leur cortège et leur prise de parole afin de rendre visible les enjeux qui leurs sont propres. La tête de cortège, elle, est laissée aux personnes queers racisées.
“La communauté LGBT a tendance a être représentée en public et dans les médias comme blanche. C’est pour ça qu’on a besoin de beaucoup plus de visibilité.” explique Sarah, drapeau Black Lives Matter accroché autour du cou. Avant de conclure « J’attends aussi de la remise en question de la part des personnes blanches LGBT ».
Un reportage réalisé par Justine Mascarilla. Photo de Une : Justine Mascarilla.