Précarisé, privatisé, cela fait déjà plusieurs années que la colère gronde dans le monde de l’université. Jeudi 5 mars dernier, enseignant・es et étudiant・es se sont mobilisé·es contre la Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), dont le contenu a été dévoilé au printemps. Face à cette nouvelle réforme, plusieurs universitaires témoignaient alors sur Radio Parleur de la dégradation de leurs conditions de travail.
Depuis début janvier 2020, le milieu étudiant et universitaire s’organise dans le cadre de l’opposition à la réforme des retraites. « Contre la marchandisation des savoirs, nous voulons un véritable service public d’enseignement et de recherche, intégré à une éducation publique de qualité de la maternelle à l’université » réaffirme la motion adoptée par la première coordination nationale des « facs et labos en lutte » réunie à la bourse du travail de Saint-Denis, les 1er et 2 février. Précarité étudiante ; opposition à Parcoursup’ ; augmentation des frais d’inscriptions pour les étudiant.es étranger.ères ; réforme de la formation des enseignant·es, la colère se concentre à présent autour du projet de Loi de Programmation Plurianuelle de la Recherche (LPPR).
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Annoncé au départ comme une promesse de financement pour un secteur en difficulté, la future loi de de programmation de la recherche fait débat, alors même que le gouvernement n’en a pas encore dévoilé le contenu précis. Les objectifs affichés, l’attractivité de l’université française à l’étranger et amélioration des carrières des chercheur·ses, s’inscrivent dans la lignée des précédentes réformes qui ont bousculé le monde universitaire.
Le directeur du CNRS Antoine Petit, évoquait en décembre 2019 une “loi darwinienne” qui transformerait les projets de recherche en “CDI de projets“. C’est dans ce contexte de profonde transformation que les travailleur·ses précaires de l’université, les enseignant·es-chercheur·es et les collectifs étudiants appellent à la grève.
“C’est la première mobilisation qui est aussi visible et massive”
Une date est posée : le 5 mars 2020. Et l’objectif est ambitieux : « aucune fac ni aucun labo en fonctionnement » en France. C’est peu dire que le monde de l’université est en ébullition et il faut remonter à la fameuse loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) en 2009, pour observer des cortèges aussi fournis. Chaises vides, blocages et motions de défiance : à Bordeaux, Lille ou Paris, des dizaines de milliers de chercheur·ses et étudiant·es ont défilé selon les organisateur·ices.
Rassemblé à 14h sur le parvis de l’université Paris Diderot, un cortège de 8 600 personnes selon la préfecture et plus de 25 000 selon les organisateurs, est parti rejoindre la Sorbonne. Toujours selon les chiffres de la coordination des Facs et labos en lutte, plus d’une centaine d’universités et d’écoles, près de 300 laboratoires et pas moins de 145 revues scientifiques en sciences humaines et sociales sont impliqués dans le mouvement. La Coordination nationale des facs et labos en lutte, rassemblant près de 155 délégations, se réunie vendredi et samedi à Nanterre, pour décider des suites à donner au mouvement.
On en parle avec nos invité・es :
Premier plateau : La LPPR, quèsaco ?
Isabelle Clair, sociologue des questions de genre, chargée de recherche au CNRS, SNTRS CGT
Aurélia Michel, maîtresse de conférence en Histoire de l’Amérique latine à l’université Paris Diderot
Francesca Sanna, doctorante en Histoire à l’université Paris Diderot avec vacation d’enseignement
Fanny Cardin, doctorante contractuelle en Lettres Modernes et Cinéma à l’Université Paris Diderot
Victor Moisan, bibliothécaire, personnel BIATSS
Deuxième plateau : Comment la combattre ?
Marie Davidoux, doctorante contractuelle en lettres à l’université Paris Diderot
Sarah Bonnefond, bibliothécaire et co-secrétaire CGT de l’Université Paris Diderot
Cécile Canut, professeure des universités en Sciences du langage à l’université Paris Descartes
Samuel Hayat, chercheur en sciences politiques au CNRS à Lille comité de mobilisation “Fac et labo en lutte”
Une émission animée par Sophie Peroy-Gay et Violette Voldoire. Production : Tristan Goldbronn. Photo de Une : Gary Libot pour Radio Parleur.
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