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Gilets Noirs : une radicalité qui bouscule les luttes des sans-papiers

Depuis le mois de novembre 2018, des centaines d’immigré·es sans-papiers et d’habitant·es des foyers et militant·es se sont regroupé·es sous un collectif : les Gilets noirs. Occupation du Panthéon, d’un aéroport ou d’une boutique Nespresso, ils et elles enchaînent les opérations coup de poing pour réclamer leur régularisation et un rendez-vous avec le Premier ministre, Édouard Philippe.

Le 16 mars 2019, lors des manifestations dans le cadre de la journée mondiale contre le racisme et de la journée contre les violences policières, la mention Gilets Noirs surgit pour la première fois à Paris : écrite en lettres capitales sur une grande banderole, elle suscite la curiosité des manifestant·es et des médias.

Qui sont les “Gilets Noirs” ?

Ce collectif constitué de plusieurs foyers de travailleurs africains, avait déjà fait parler de lui en décembre 2018 avec l’occupation de la Comédie Française. A l’époque, un peu plus de 700 participant·es avaient participé à l’action. Ce sera le premier happening marquant des Gilets Noirs, auxquels d’autres succéderont. Blocage du terminal 2F d’Air France pendant plus de quatre heures le 19 mai 2019, pour protester contre les déportations de sans-papiers ; l’occupation du siège d’Elior à la Défense le 12 juin 2019, ou encore l’action symbolique au Panthéon, le 12 juillet de cette même année. Une action qui a fait grand bruit. Cette opération pacifique a pourtant été fortement réprimée par les services de police, et s’est soldée par 37 blessé·es.

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Les Gilets Noirs à la manifestation du 5 décembre 2019. Photo : Sarah Belhadi pour Radio Parleur.

Cela n’aura pas suffit à démanteler le collectif ni à briser la détermination des Gilets Noirs qui ont récemment de nouveau fait parler d’elles et eux. Le 3 décembre dernier, ils et elles ont occupé la boutique Nespresso de la prestigieuse place de l’Opéra du matin jusqu’à sa fermeture. Deux jours plus tard, lors de la manifestation du 5 décembre 2019 dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites, les Gilets Noirs étaient à nouveau présents. Abdoulaye s’exprimaient ainsi à notre micro : “Nespresso ce n’est que le début, ce n’est pas le seul client d’Elior et on va continuer à visiter tout le monde jusqu’à qu’ils s’engagent à une vraie discussion et à fournir le CERFA à tous les travailleurs.

Une radicalité revendiquée, qui bouscule les luttes traditionnelles des sans-papiers

Le collectif se compose aussi de jeunes volontaires comme Marina et Anna qui apportent régulièrement leur soutien pendant les actions des Gilets Noirs, depuis le début du mouvement : “On vise les beaux quartiers, étant donné que ceux-ci se font sur le dos de tous les travailleurs sans-papiers qui sont exploités... C’est important de visibiliser les travailleurs qu’on ne voit jamais.” Le collectif des Gilets Noirs a fait naître une nouvelle voix dans les luttes de sans-papiers, celle de l’autonomie et de l’action forte. Lors d’une réunion d’organisation à laquelle nous avons pu assister, il a paru clair que pour les Gilets Noirs, le maître mot est l’unité : rassembler est primordial.

Gilets Noirs
Occupation de Gilets Noirs à l’Ibis-Bréguet-Opéra. Photo : Sarah Belhadi pour Radio Parleur.

Une action solidaire avec les salarié·es en grève

Une action conjointe avec les grévistes de l’Ibis des Batignolles a été menée le dimanche 19 janvier dernier, à l’hôtel IBIS rue de Bréguet, pour faire pression contre les groupes Accor et Elior. Ces entreprises du domaine de la sous-traitance refusent de fournir à leurs employé·es tout document qui permettrait une régularisation de situation précaire. Ce jour-là, des dizaines de Gilets Noirs et des travailleuses en grève de l’hôtel Ibis des Batignolles occupent l’établissement du groupe Accor. Leitmotiv : l’ami de mon ennemi est mon ennemi. Les occupant·es dénoncent les patrons et l’État et réclament la fin du système actuel, qui permettrait aux multinationales du service à la personne de profiter des travailleur·ses sans-papiers en s’abritant derrière le mille-feuille de la sous-traitance.

Dans le hall, les occupant·e·s se passent le micro et les prises de paroles s’enchaînent. Après quatre heures d’occupation, les Gilets Noirs et les femmes de chambres grévistes de l’Hôtel Ibis ont obtenu un rendez-vous avec des représentant·es des groupes Accor et Elior. Ils et elles exigent notamment la régularisation du personnel sans-papiers, l’internalisation des femmes grévistes de l’hôtel Ibis embauchées via une société de sous-traitance. Les grévistes demandent aussi l’arrêt complet de la collaboration entre Elior et « les lieux de tortures des immigré·e·s » tels que les tribunaux, les centre de rétention administrative, les préfectures de police ect. Le 30 janvier 2019 commence une série de procès en prud’hommes intentés contre le groupe Elior, dans le cadre de l’exploitation des sans-papiers. Pour soutenir les différentes audiences, différents rassemblement se tiendront devant le conseil des prud’hommes au 27 rue Louis Blanc, dans le 10ème arrondissement de Paris.

Un reportage de Sarah Belhadi. Photo de Une par Sarah Belhadi.  

 

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