Mardi 12 novembre, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le siège du Crous de Lyon après qu’un étudiant de 22 ans s’est immolé vendredi dernier. Dans un message publié sur Facebook juste avant son acte, celui-ci dénonce la recrudescence de la précarité étudiante.
“Aujourd’hui je vais commettre l’irréparable”, c’est par ces mots qu’Anas a annoncé son geste sur son compte Facebook. Vendredi 8 novembre, il s’est immolé par le feu devant le Crous. Brûlé sur 90% de son corps, il est toujours entre la vie et la mort.
Un geste éminemment politique pour dénoncer des conditions de vie difficiles “Je n’avais pas de bourses, et même quand j’en avais, 450 euros par mois, est-ce suffisant pour vivre ?”. Étudiant en sciences politiques, il avait dû quitter son logement au Crous en septembre dernier. Depuis, il vivait entre le domicile de ses parents et celui de sa copine.
En écho à cet acte, des actions de blocage ont été menées sur les campus de l’Université. À tour de rôle, des proches et des camarades de Solidaires à Lyon (dont faisait partie l’étudiant qui s’est immolé) ont pris la parole devant plusieurs centaines de personnes. La tristesse et la révolte se reflétaient toutes deux dans leurs paroles et sur les banderoles du cortège.
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Anas est décrit comme « engagé, souriant et même adorable » par ses amis. Sa situation fait écho aux difficultés croissantes pour les étudiants, qui sont nombreux à travailler en dehors des heures de cours pour pouvoir vivre. Selon une enquête de l’INSEE, 20,8 % des étudiants vivent sous le seuil de pauvreté [1]. Entre baisse des APL, hausse des loyers, inflation, parmi d’autres, la situation ne s’est pas améliorée ces dernières années.
« On voit que ce qu’il a dit ça résonne pour pleins de gens, et pas forcément des gens socialisés à la politique ou politisés, parce que la précarité ça touche tout le monde.»
Laetitia, petite amie de l’étudiant qui s’est immolé.
A Lyon 2, les cours annulés mardi et mercredi
Mardi et mercredi la présidente de l’Université Lumière-Lyon-2, Nathalie Dompnier, a décidé de l’annulation des cours au campus Porte des Alpes situé à Bron, dans la banlieue lyonnaise. Dans un long mail envoyé aux étudiants et publié mercredi sur le site Internet de la Faculté [2], la présidente apporte son soutien à ceux qui souffrent. Elle s’interroge sur l’amélioration de la prise en charge des étudiants “comment en vient-on à un tel geste à 22 ans ? Quel malaise, quelle détresse peuvent provoquer une telle violence contre soi-même ? Comment détecter et prévenir de telles situations ? De quels moyens disposons-nous pour cela ? “.
Elle revient aussi sur la dimension politique de cet acte qui met en lumière les difficultés des jeunes : « Il est urgent que la question de la précarité soit appréhendée de manière plus globale […]. Cela relève de choix de société quant aux moyens que nous allouons à la jeunesse et notamment à sa frange la plus pauvre ». L’équipe présidentielle demande toutefois à cesser les blocages et à reprendre les discussions entre pouvoirs publics et organisations étudiantes pour relever ces défis.
[2] Déclaration de la présidence de l’Université Lumière Lyon 2, publiée le 13 novembre 2019
A Lyon, un reportage réalisé par Tim Buisson
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