Du haut de ses 22 ans, Elisabeta vient d’obtenir une carte de séjour en France. Elle a quitté son Albanie natale en 2015, à la mort de ses parents, pour rejoindre ses sœurs en Angleterre. Elle est alors à peine majeure. Arrêtée en France, elle est expulsée mais y retente sa chance, avec un peu plus de succès. Aujourd’hui, elle travaille bénévolement en tant que traductrice pour certaines institutions françaises. Récit d’une migration.
Au milieu du hall de l’ancien hôpital La Grave à Toulouse, local réquisitionné par l’association Droit Au Logement (DAL31), Elisabeta est assise à la droite d’Anaïs, unique salariée du DAL31, en pleine traduction pour des réfugiés albanais installés sur des chaises de récupération. Elisabeta part d’Albanie à 18 ans, après la mort de ses parents. « Je dois rejoindre mes sœurs en Angleterre», se fixe-t-elle comme objectif.
Rétention et expulsion
Lorsque qu’on lui demande de parler de cette période de sa vie, elle se contente de dire qu’elle a “comme tout le monde, acheté un billet d’avion” pour rejoindre cette partie de sa famille, installée là-bas depuis “15 ans exactement”. Elle se fait alors arrêter en France en tentant de franchir la frontière et se retrouve dans un centre de rétention administrative : « Ça ressemble à une prison, franchement il y avait pas mal d’autres jeunes filles », décrit-elle. Elle reste les 15 jours autorisées par la loi dans ce centre avant d’être expulsée avec d’autres albanais par avion, écopant seulement d’un rappel à la loi avant d’être relâchée en Albanie.
Après être restée 3 mois chez son oncle en Albanie, elle reprend un billet d’avion pour la France. Lorsqu’elle arrive à Paris, elle est hébergée dans la famille d’un employé de la Croix Rouge qui l’aide à faire ses démarches administratives. Mais la barrière de la langue semble être insurmontable pour se déplacer dans la capitale. Finalement, elle doit partir à Toulouse où les démarches seront plus faciles.
Un engagement dans le milieu associatif
Elisabeta se construit finalement à travers son engagement dans des associations d’accueil des migrants ou d’aide aux personnes en situation de précarité. Elle apprend le français au contact des travailleurs sociaux et des institutions, au point que ces dernières la sollicitent désormais pour les aider à traduire.
Elle s’engage activement auprès du DAL qui crée avec elle la page Facebook « Elisabeta reste là ». Sur cette page, à travers des vidéos, elle raconte alors son parcours et les problèmes qu’elle rencontre dans sa bataille pour obtenir son permis de séjour. Acceptée à l’université Jean Jaurès de Toulouse, elle compte bien se battre jusqu’au bout pour construire son avenir en France. En ses propres termes : « Je veux rester ici avec ceux qui m’aiment. »