Les soignant・e・s, en grève depuis plus de trois mois, sont au bord de la crise de nerf. Mardi 2 juillet, 13 d’entre eux, agenouillés devant le ministère de la Santé, se sont injectés de faibles doses d’insuline avant d’être stoppés par les forces de police. Un geste de colère et de désespoir alors que les négociations sont au point mort.
La manifestation avait un air bon enfant. Le mardi deux juillet, la sono de la CGT crachait fort et plusieurs centaines de soignant・e・s, urgentistes, psychologues, infirmiers et infirmières protestaient sous le soleil de juillet. Devant Bercy d’abord, “parce que c’est ici qu’on débloque les cordons de la bourse,” explique Didier Birig, secrétaire national de la fédération des services publics et de santé FO. “Trop souvent, les décisions sont prises à Bercy, parce qu’il y a le volet financier qui intervient, et après quand on arrive dans notre ministère avec Madame Buzyn, elle nous dit ‘je ne peux plus rien changer’”.
“L’hôpital a besoin de nous et nous avons besoin de moyens”
De fait, la situation financière des hôpitaux n’est pas très bonne. Malgré une hausse du budget cette année de 2 milliards d’euros pour le secteur hospitalier, l’augmentation ne se fait sentir que sur le papier. Dans les établissements, les budgets sont tirés au maximum. Le tarif des actes est en baisse, et grève les recettes des hôpitaux. “L’hôpital a besoin de nous, et nous avons besoin de moyens,” martèle Linda, aide-soignante aux urgences de Gonesse dans le Val d’Oise. Une opinion partagée par les quatre fédérations hospitalières publiques et privées qui ont interpellé le gouvernement il y a déjà plus de six mois sur la dégradation des conditions de soin.
Une prime de 300€ nets
Parmi les revendications du collectif inter-urgences, une revalorisation de 300€ net mensuels pour tout・e・s. Le 14 juin, la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait annoncé la mise en place d’une prime de risque de 100€ net mensuels pour les 30 000 personnels (hors médecins) des urgences et la facilitation des recrutements dans les services en tension cet été. Un budget de 70 millions d’euros au total, avec un décret d’application publié en catastrophe la semaine dernière. Une solution qui ne satisfait pas vraiment les urgentistes.
D’après le collectif inter-urgences, 106 services étaient en grève il y a trois semaines. Hier, ils en dénombraient 154. Le nerf de la guerre, ce n’est pas seulement l’argent, ce sont les postes créés. Et là, aucune proposition générale n’est formulée par la ministre.
Point de rupture pour pour les soignant・e・s aux urgences
Ce mardi 2 juillet, un point de rupture a été atteint. Vers 17h00, alors que la plupart des journalistes avaient repris le chemin de leurs rédactions, un groupe de soignant・e・s s’est agenouillé à proximité du ministère de la Santé.
#urgences #greve on ira jusqu’à la mort s il le faut” selon Ines de l @InterUrg . 4eme injection d insuline pic.twitter.com/RjDaLuFVXe
— Remi Pfister (@RemiPfister) 2 juillet 2019
Sur les images du journaliste de Radio Classique Rémi Pfister, on peut voir au moins 13 personnes du collectif inter-urgence s’injectant de l’insuline dans un geste de désespoir. Une seringue toutes les 15 minutes. À forte dose, ils risquent le coma, puis la mort. Ils et elles sont interpellé・e・s par les forces de police au bout de quelques injections. Selon le ministère de la Santé qui a prévenu les secours, les tests de glycémie étaient normaux, ce qui n’exclut pas qu’il puisse s’agir d’insuline avec un effet retardé. Les négociations, elles, demeurent au point mort.