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Déclic : Isabelle Attard face à une “injustice flagrante”

Le déclic c’est quoi ? A quel moment il se déclenche ? Qu’est-ce qui nous fait basculer dans l’engagement ? Radio Parleur vous emmène à la rencontre de militant.es connu.es et inconnu.es qui nous racontent leur déclic, leurs moments d’inspirations, de doute et de découragement. Des parcours de vie qui, on l’espère, vous donneront envie de vous engager. Pour cette première série, on va décortiquer les écolos déclic.

Radio Parleur reçoit Isabelle Attard, femme politique, ancienne députée d’Europe-Ecologie-les Verts, très engagée sur la question des libertés numériques.

C’est dans un landau que la vie militante d’Isabelle Attard a commencé : dès son plus jeune âge, ses parents qui lui inculquent le virus du militantisme. Dans les années 1970, elle passe ses mercredis après-midi à vendre des autocollants “Stop nucléaire” avec son père, sur le campus d’Orléans. De quoi forger un caractère : “ils m’ont donné envie du débat, de parler de politique, et surtout de savoir s’adapter à tous les milieux pour me sentir à l’aise partout”.

A l’adolescence, Isabelle Attard prend de l’audace, jusqu’à se faire expulser de son internat après avoir été surprise avec un garçon, ce qu’elle décrit comme sa première confrontation à une “injustice flagrante”. A 20 ans, elle quitte la France pour s’installer en Suède, où elle trouve les habitants bien peu revendicatifs, avant de s’adapter au rythme local : “les Suédois sont naturellement écolos. Leur respect de l’environnement est sans commune mesure avant la France. Ils passent beaucoup de temps dehors, le rapport à la nature est plus simple. Et les rapports humains le sont aussi”.

“J’ai longtemps hésité à dire la vérité aux gens de peur de les dégoûter de l’engagement politique”

Isabelle Attard adhère au parti Europe-Ecologie-les Verts (EELV) en 2001, mais ne se sent pas encore forcément dans l’esprit d’un militantisme au quotidien : “je dois finir de rédiger ma thèse, j’ai quatre garçons et une charge mentale un peu trop élevée”. Nommée directrice du Musée de la tapisserie de Bayeux en Normandie, elle doit là encore ronger son frein, craignant de finir “au fond d’un placard” à cause de ses convictions. C’est seulement lorsqu’elle part travailler loin de son domicile, au Musée du Débarquement, qu’elle s’implique réellement en politique. En 2012, elle se présente aux législatives, pleine d’illusions : “à l’époque, je pensais que mon rôle était de parler pour ceux qui ne pouvaient pas, ce qui est très prétentieux quand on y pense”. Mais elle déchante rapidement, comprenant que “ce n’est pas à l’Assemblée nationale qu’on écrit les lois, mais dans les cabinets ministériels avec trois lobbyistes autour de la table. J’ai longtemps hésité à dire la vérité aux gens de peur de les dégoûter à vie de l’engagement politique”.

Elle se plonge alors dans les lectures anarchistes : Murray Boockchin, que lui offre son compagnon ; Voltairine De Cleyre, une anarchiste américaine de la fin du dix-neuvième siècle ; Emma Goldman ; Kropotkine, etc. “Il y a une richesse de littérature à redécouvrir qui apporte des solutions aujourd’hui, plus que le plaisir de se délecter dans le passé. Ces gens ont réfléchi au monde de liberté et d’égalité dont je rêve et qu’il faut puiser chez eux pour s’en sortir plus fort”.

 

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Isabelle Attard dans les studios de Radio Campus Paris.

“Ne jamais s’arrêter sur un seul sujet ou un seul avis”

Aujourd’hui, elle se passionne aussi pour les grèves des jeunes pour le climat : “je suis en colère contre la confiscation de la parole des enfants par les adultes, alors que les gamins ont des choses à dire”. A celles et ceux qui ont envie de s’engager, un seul conseil : la curiosité. “Il faut continuer à lire, écouter, le plus d’émissions possible, ne jamais s’arrêter sur un seul sujet ou un seul avis. Développer ses propres opinions, partir voyager. Et ne pas rester coincé dans des métiers juste pour vous rapporter de l’argent !”

Un podcast réalisé par Rosalie Salaun, Etienne Lecomte et Laury-Anne Cholez. Générique et arrangements sonores par Etienne Gratianette.

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