Ce Mercredi 10 Septembre, à Paris huit “décrocheurs et décrocheuses de portraits” du président Emmanuel Macron vont comparaitres devant le tribunal correctionnel. Avant cela, au printemps dernier, dix d’entre eux et elles avaient été convoqué・e・s par la police pour “vols en réunion”. Avant l’ouverture du procès ce mercredi, Radio Parleur vous propose de les réentendre.
Mise à jour du 10/09/2019 :
Huit “décrocheurs de portraits” du président Emmanuel Macron ainsi que le vidéaste Vincent Verzat, membre de la chaine You Tube “Partagez c’est sympas” seront jugé demain , mercredi 11 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils et elles comparaissent pour “vol en réunion”, ces militants ont, au mois de février, mené des actions de désobéissance civile dans les mairies du IIIe, IVe et Ve arrondissement de la capitale.
Ils et elles avaient investi les mairies et emporté les portraits du président pour “dénoncer le vide de (la) politique environnementale et sociale” d’Emmanuel Macron. Un mode d’action reproduit dans de nombreuses villes françaises, depuis le début de cette campagne plus de 128 portraits ont été réquisitionné, les militants affirmant leur volonté de “sortir Macron”.
Sur le plan judiciaire, 57 personnes ont fait l’objet de poursuites en correctionnelle, principalement pour “vol en réunion”, un délit pour lequel la peine maximale encourue est de cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.
Plusieurs procès de “décrocheurs” se sont déjà tenus. Le premier fin mai à Bourg-en-Bresse. Un militant écologiste a été condamné à une peine d’amende ferme de 250 euros, suivit de cinq autres à une amende avec sursis,le 12 juin. 15 jours plus tard, le tribunal correctionnel de Strasbourg a lui décidé de relaxer trois militants qui avaient décroché un portrait du chef de l’Etat dans une mairie du Bas-Rhin.
Demain, mercredi, à l’occasion de ce nouveau procès, un important comité de soutien est attendu. L’association ANV-COP21 appelle à un rassemblement dès 08H00 devant le tribunal de Paris dans le XVIIe arrondissement. Une mobilisation en présence de nombreux représentant.e.s d’ONG et d’élus. “Au lieu de revoir sa copie en matière de climat, le gouvernement préfère donc s’en prendre aux activistes non-violent.e.s (…) face à cette tentative d’intimidation, montrons au procureur et au gouvernement notre unité et notre détermination. Faisons de ce procès celui de l’inaction climatique ! Décrochons Macron !” écrit ANV-COP 21 sur la page Facebook de l’événement.
Douze autres procès de “décrocheurs” sont prévus jusqu’à septembre 2020.
Article du 22 mars 2019 :
Il est 18h, ce jeudi 21 mars et des militant・e・s d’ANV-COP 21 ainsi que l’équipe de la chaine youtube “Partager c’est Sympa” attendent devant le commissariat du 4ème arrondissement de Paris. Tout・e・s sont présent・e・s pour soutenir les militant・e・s climat. Parmi les gardé・e・s à vue, la porte-parole d’Alternatiba Pauline Boyer, et le youtubeur Vincent Verzat de la chaîne Partager c’est sympa. Ils et elles ont été convoqué・e・s le matin même et ne sont pas ressorti.e.s du commissariat.
L’enquête a été ouverte après l’action de désobéissance civile « Sortons Macron ». Des actions non-violentes qui consistent à soustraire dans les mairies le portrait du Président. Certain.e.s maires ont même choisi de donner leur portrait aux militant・e・s comme à Cabestany, dans les Pyrénées-Orientales où le maire communiste à soutenu l’action des militant・e・s. Du coté du gouvernement, l’initiative a été beaucoup moins bien perçue. Le 21 février, Sebastien Lecornu, secrétaire d’état aux collectivités territoriales s’est ainsi fendu du tweet ci-dessous :
Depuis quelques heures, des activistes, parfois vêtus de gilets jaunes, ont investi les mairies du IIème, du Vème arrondissement de Paris, de Lyon et de Biarritz pour décrocher le portrait du Président de la République. Avec la plus grande fermeté, je condamne ces agissements. pic.twitter.com/1rzauCJ3Mj
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) 21 février 2019
La réponse policière et judiciaire ne s’est pas fait attendre. Depuis un mois, selon notre partenaire Reporterre, 21 personnes du mouvement pour une justice climatique ont été placées en garde à vue et quatorze perquisitions ont eu lieu pour différentes affaires toutes liées aux actions pour le climat.
“Les poursuites contre des actes symboliques de militants sont systématiques”
Pour Alexandre Faro, avocat au barreau de Paris et habitué à défendre des militant・e・s pour la cause climatique, “on vit une période un peu étonnante où les poursuites contre des actes symboliques de militants sont systématiques”. Il est aussi inquiétant pour la liberté d’informer de retrouver un vidéaste accusé de vol en réunion pour le simple fait d’avoir filmé une action militante sans y prendre part.
D’autant plus surprenant que le gouvernement a fait des manifestations d’ampleur pour le climat de la fin de la semaine dernière, un exemple de “bonne” mobilisation, à l’opposé de la colère des Gilets Jaunes du 16 Mars (que Radio Parleur vous a fait vivre). Brune Poirson et Gabriel Attal, tous deux membres du gouvernement, ont même posé avec des jeunes grévistes pour le climat le vendredi 15 mars. Un coup de communication très éloigné du traitement réservé, quelques jours plus tard, aux actions non-violentes de désobéissances civiles menée par ce même mouvement climat.
#Youth4Climate ! cc @brunepoirson pic.twitter.com/jkBbXkqVK1
— Gabriel Attal (@GabrielAttal) 15 mars 2019
Marion, militante ANV-COP 21 rappelle pourtant qu’il ne faut pas que “le gouvernement se félicite mais qu’il commence à paniquer face au défi climatique à relever et à la pression populaire pour qu’il prenne ses responsabilités“. Pour Vincent Verzat la différence de traitement entre les différentes actions est sans doute du fait que les Marches Climats “tapent fort, mais pas très juste” et “restent un endroit de contestation attendu”.
Face à ces garde-à-vue, les militant・e・s climat promettent de continuer leurs actions de décrochages présidentiels. Dans le même temps, ils et elles vont préparer leur défense, avant leurs audiences prévues à Strasbourg le 26 juin, à Lyon le 2 septembre et à Paris le 11 septembre. Des convocations que les associations veulent transformer en procès “contre l’inaction climatique“.