Plus de 700 personnes se sont rassemblées mercredi 19 février pour marquer une nouvelle fois leur opposition à Europacity, un projet de gigantesque complexe commercial dans le triangle de Gonesse, au nord de Paris. La justice va-t-elle autoriser la bétonisation des terres agricoles ?
“Ce projet est une folie” s’insurge Clémentine Autain, députée France Insoumise de Seine-Saint-Denis, sur la scène de la salle Olympe de Gouges dans le 11ème arrondissement de Paris. Député.es, militant.es, agriculteur.trices, artistes, avocat.es ont enchaîné les prises de parole devant un auditoire studieux, venu clamer son rejet du projet de méga-centre commercial Europacity, porté par le groupe français Auchan et le conglomérat chinois Wanda. Pour les présent.es, il est urgent de freiner l’artificialisation de 280 hectares de terres agricoles au cœur du “grenier du bassin parisien”. D’autant que la lutte arrive à une nouvelle étape de son combat judiciaire : vendredi 22 février, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise doit se prononcer sur le devenir du plan local d’urbanisme (PLU) de la ville de Gonesse, qui ouvre la voie à l’urbanisation du triangle.
“SI le PLU est annulé, cela reporte sévèrement l’ensemble du projet”, indique Maître Etienne Ambroselli, avocat du collectif formé contre Europacity. Pour les opposants, la victoire semblerait presque acquise, puisque le 28 janvier dernier, le rapporteur public a considéré qu’il fallait annuler le PLU. L’optimisme est donc de rigueur, même si la décision n’enterre pas définitivement les ambitions du mastodonte commercial aux 3,1 milliards d’euros. Une ombre “absurde” se dresse au tableau : la validation du permis de construire de la gare Triangle-de-Gonesse, implantée sur la ligne 17 du futur métro du Grand Paris Express. “Une gare pour les lapins”, grince un militant du collectif Pour le Triangle de Gonesse (CPTG). “Le symptôme d’une fuite en avant enclenchée par les pouvoirs locaux pour bétonner coûte que coûte”, poursuit Etienne Ambroselli.
Pour un autre modèle de société
Pour le collectif, l’abandon du centre commercial ouvrirait la voie à une alternative durable : le projet Coopération pour une ambition agricole rurale et métropolitaine d’avenir (CARMA). Alice Leroy, militante du CARMA estime que “ce n’est pas qu’une question alimentaire, c’est aussi une question de modèle de société appuyant la nécessité d’un modèle agricole respectueux des sols, de l’eau et de l’air implanté dans une économie sociale et solidaire”. Après une bière bio et un interlude musicale de la chanteuse Emily Loizeau arborant un coquelicot à la veste, les propositions d’alternatives fusent sur la scène validées par Marc Dufumier, agronome et enseignant-chercheur retraité de l’AgroParisTech : “il est bon de rappeler qu’une alternative est possible techniquement et que nous ne sommes pas des idéalistes”.
Actualisation : Le délibéré du tribunal administratif de Cergy-Pontoise, rendu le vendredi 22 févier, sur la demande d’annulation du PLU de Gonesse a été reporté au 12 mars 2019.
Un reportage réalisé par Romane Salahun