A l’initiative des Gilets Jaunes de Commercy, une « Assemblée des Assemblées » se réunit le week-end du 26 et 27 janvier dans la sous-préfecture de la Meuse. Killian Martin prépare une thèse à L’EHESS sur le municipalisme libertaire. Le jeune chercheur voit dans cet événement et le vocabulaire qui l’entoure une référence explicite à cette théorie élaborée par l’intellectuel américain Murray Bookchin.
Ils.elles ont lancé un premier appel, le 30 novembre dernier, pour initier la formation d’Assemblées Populaires partout en France. Puis, un second le 29 décembre. Cette fois, les Gilets Jaunes de Commercy (55) invitent ces Assemblées à converger dans la Meuse, les 26 et 27 janvier prochain. Le groupe de Gilets Jaunes local y attend une quarantaine de délégations.
Murray Bookchin, une pensée qui infuse en Meuse
Pour les organisateur.trice.s, l’objectif est simple : se rencontrer, échanger sur les expériences vécues sur les ronds-points et autres lieux de ralliement et mettre en commun les revendications qui ont émergé depuis deux mois. Pour Killian Martin, qui prépare une thèse à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales) sur le sujet, cela ne fait pas de doute : “au-delà de la dynamique de la période qui impose aux Gilets Jaunes de se retrouver pour discuter des suites à donner au mouvement, l’Assemblée des Assemblées est fortement influencée par les thèses de Murray Bookchin.”
En effet, les préoccupations des participant·e.s semblent recouper celles du penseur américain : rejet des représentant·es, volonté de s’organiser de manière horizontale, revendications de justice sociale et environnementale, attention portée à l’égalité femme-homme…Le municipalisme libertaire semble devoir s’inviter à l’Assemblée.
Cette forme politique, née aux Etats-Unis dans les années 1960, insiste sur la nécessité de s’organiser politiquement à l’échelon local (d’où le nom de municipalisme) au sein d’assemblées populaires souveraines pour parvenir à des décisions justes et consensuelles. Très marqué par les prémices de la crise écologique, Bookchin voyait dans le municipalisme une manière de redonner le pouvoir aux personnes touchées par ses conséquences, tout en respectant les droits des minorités et des personnes habituellement exclues de la sphère politique (comme les femmes).
“Le municipalisme influence de nombreux mouvements à travers le monde”
Pour Killian Martin, “c’est l’adéquation entre la nécessité de lutter contre le dérèglement climatique, de reprendre le pouvoir aux multinationales, un imaginaire favorable à l’échelon local et une cohérence avec les enjeux de notre temps : écologie, féminisme, justice sociale, qui explique l’influence de ces thèses sur de nombreux mouvements à travers le monde”. Après l’Espagne et son mouvement des Indignés de 2011, la France avec Nuit Debout en 2016 et le Rojava, partie kurde de la Syrie qui applique fortement ces principes, le municipalisme libertaire apparaît comme un recours pour un nombre croissant de mouvements sociaux à travers le monde. La greffe prendra-t-elle à Commercy ? Début de réponse à suivre ce weekend.