Ce mercredi 12 décembre, c’était la journée de grève nationale des avocats et juges : “justice morte”. À Montpellier, nos reporters sont allés à la rencontre des manifestants, pour faire entendre leurs revendications contre la réforme de la justice.
En finir avec les Prud’hommes, qui “protègent les salariés”
Le cas des conseillers prud’homaux, rencontrés au cours de la manifestation, est aussi très révélateur. Plus de trois ans d’attente pour un dossier de licenciement, selon le président du conseil des Prud’hommes de Montpellier, Jean-Paule Luce, qui ajoute : “c’est leur existence même qui est remise en cause avec toutes ces lois successives.” Le tort de cette juridiction régulièrement accusée d’être un frein à l’emploi par les syndicats patronaux ? Faire respecter le droit du travail.
De la loi du jeune ministre Macron de 2015, complexifiant les saisines, en passant par les ordonnances de l’été 2017 sur le travail, jusqu’à la loi Belloubet en cours de discussion, qui rattache les greffes des prud’hommes aux Tribunaux de grande instance (TGI), les réformes récentes n’ont eu de cesse de vouloir réduire l’autonomie et le pouvoir des prud’hommes. Faisant de ces juridictions du travail la cible récurrente des réformateurs libéraux.
On n’est pas tout seul !
Dans toutes les bouches, on pouvait entendre cette envie de s’agréger à la grogne générale contre les restrictions budgétaires, dans les hôpitaux et universités notamment. Selon Alice Guilloux, magistrate au TGI de Montpellier, “le gouvernement essaye de gérer une pénurie (…) comme pour les Gilets Jaunes, on vient taxer injustement les services qui profitent aux plus démunis, aux plus pauvres, pour faire, en même temps, des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises.”
La justice française n’est pourtant pas des mieux loties budgétairement. Comme le rappelle l’Union des jeunes avocats : “En Allemagne, 24 magistrats pour 100 000 habitants. En France, on compte 10 magistrats pour 100 000 habitants.” Soit autant de raisons de se révolter.