Les non-blancs disparaissent, pas le racisme d’État

Un vendredi pour “disparaître”, un samedi pour “réapparaître”. C’est ce que propose le collectif “Rosa Parks” à tout les descendants de l’immigration et aux victimes des préjugés racistes. Deux jours pour réclamer “Justice et Dignité”. Hier, mercredi, Radio Parleur était à la soirée de préparation de l’événement.

Les représentants des multiples luttes qui sont intervenus à la soirée Rosa Parks, au théâtre de la Belle Étoile à Saint-Denis, le mercredi 28 Novembre 2018. Photographie : collectif Rosa Parks

Ce samedi, ce sera le 1er décembre, anniversaire du jour où, en 1955, Rosa Parks, couturière noire, refusa de céder sa place à un blanc dans un bus, en Alabama, dans le sud des États-Unis. Un jour parfait pour rappeler que “certains membres de notre société payent la facture des oppressions libérales encore plus fort que d’autres” affirme Omar Slaouti, professeur dans le 93 et porte-parole du collectif Rosa Parks. Avec d’autres militant.es, il préparait hier au théâtre de la Belle Étoile, à Saint-Denis, une grande opération de disparition qui n’aura rien du tour de magie.

Ce samedi 1er décembre, ils appellent toutes les générations d’immigré.es et tou.tes les racisé.es à défiler, à partir de 14 h depuis la place de la Nation à Paris. La veille, ils et elles auront “disparu”. “Nous devons déserter les lieux publics, nos lieux de travail, de sociabilité, les réseaux sociaux… On va affirmer auprès de nos amis, de nos proches, de nos collègues, l’importance dans la société,” explique la sociologue Nacira Guenif. Une manière aussi pour cette mobilisation de montrer que celles et ceux qui font tourner la boutique sont aussi les moins bien traités par l’État, voire les plus maltraité.es par un racisme structurel.

Le racisme d’État, point commun de luttes diverses

Ils et elles sont agent.es de nettoyage, salarié.es chez McDo, employés d’un centre d’appel de l’opérateur Free, tous issus de l’immigration, ils témoignent de leurs combats sur scène. Pour Tony, employé de McDonalds dans les quartiers nord de Marseille, en lutte contre la fermeture de son établissement : “Nous sommes une classe qui compte la monnaie pour acheter une baguette. Eux, ils ne nous comprennent pas, car ils n’ont pas besoin de compter.” Eux, c’est l’État et ses institutions accusées de racisme structurel envers les personnes issues de l’immigration.

Affiche du collectif Rosa Parks appelant au boycott le vendredi 30 novembre 2018.

Rosa Park et Gilets Jaunes, colères semblables mais valeurs différentes

À la tribune, les prises de paroles s’enchaînent. Tous et toutes décrivent la situation difficile des habitant.es des quartiers populaires. Des fins de mois difficiles, un sentiment de déclassement et d’abandon de la force publique… Un discours qui ressemble à celui porté depuis plusieurs jours par les fameux Gilets jaunes. Samedi, la manifestation du collectif Rosa Parks coïncidera avec la leur, annoncée sur les Champs-Élysées. “Il y a de vraies résonances” estime Omar Slaouti. “On aimerait que les Gilets jaunes puissent affirmer qu’ils sont contre toutes les inégalités. Il n’est pas question d’une meilleure justice sociale, s’il y a encore du racisme, du sexisme et de l’homophobie.” 

La soirée se termine, on croise Wiam Berhouma, syndicaliste SUD 93 et professeure de collège en Seine-Saint-Denis. Elle espère que cette mobilisation “permettra de remettre en lumière la question de l’antiracisme politique” et assure que “vendredi, vous ne me verrez pas, mais samedi, je marcherai pour réclamer justice et dignité”.

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