Du 4 au 14 septembre, les agresseurs de Clément Méric seront jugés par la cour d’assises de Paris. Mais ses proches et ses camarades de lutte entendent aussi faire de ce procès le procès des violences politiques de l’extrême droite. Pour le premier jour du procès, ils se sont réunis mardi soir là où est tombé leur camarade, rue Caumartin, dans le 9e arrondissement de Paris, rebaptisée à cette occasion « Rue Clément Méric ».

De sa nouvelle apparence à l’invocation de ses projets d’avenir, la stratégie de défense d’Esteban Morillo, l’un des trois prévenus mis en examen dans ce procès, a essentiellement consisté à faire oublier son passé skinhead. Durant toute cette première journée d’audience, devant la cour et face aux questions de la présidente et de l’avocat général, le prévenu objecte des trous de mémoire à répétition. Le jeune homme affirme ainsi « ne pas se souvenir » d’avoir cité Mein Kampf sur son compte Facebook, depuis fermé, ou d’avoir posé avec un drapeau représentant une croix gammée, ni même savoir que la devise “Travail, Famille, Patrie” faisait référence à celle du Régime de Vichy, dirigé par le maréchal Pétain. Une défense qui, pour beaucoup des soutiens de Clément Méric et des militants antifascistes, ne passe pas. Pour eux, Clément, jeune militant antifa, a été pris pour cible du fait de ses engagements politiques et pour les accusés, comme le rappelle Eric Beynel, porte-parole du syndicat Solidaires et membre du Comité pour Clément : « rien n’a changé, ils sont toujours dans ce milieu là ».

« Ce procès sera aussi celui des violences d’extrême droite »

Devant la salle d’audience, le père du jeune militant rappelle que ce procès doit mettre en lumière les agissements violents des groupes fascistes. Négliger ou occulter le caractère politique de cette mort serait une erreur. C’est aussi ce message qu’ont voulu faire passer les soutiens de Clément, ce mardi 4 septembre, en se rendant sur les lieux mêmes où, le 5 juin 2013, le jeune homme a été mortellement blessé.
Il est alors 18h30 et la rue piétonne résonne de slogans et du prénom « Clément » scandés par près de deux cents personnes, poings levés, réunies devant l’église Saint-Louis d’Antin : « On oublie pas, on pardonne pas ».
Après plusieurs prises de parole, auxquelles la famille et les proches n’ont pu participer du fait du procès toujours en cours, les soutiens ont ensuite recouvert les plaques de la rue Caumartin avec des autocollants en mémoire de Clément Méric, hommage posthume à leur « camarade assassiné ».
C’est par une série de rassemblements — prévus dans des lieux et des moments distincts de ceux des audiences, qui s’étendront jusqu’au 14 septembre — qu’ils comptent bien rappeler que si ce procès est l’occasion de faire la lumière sur les circonstances de la mort de Clément Méric, il est aussi et surtout l’occasion que soit reconnue et jugée la dimension politique de cet acte.