Nitrites et nitrates : deux substances chimiques qui empoisonnent les charcuteries que l’on consomme, et qui leur donne cette couleur rose vif prisée par les as du marketing. plusieurs collectifs ont organisé une opération coup de poing dans des supermarchés de la capitale.

Manger du jambon provoque le cancer. Ce raccourci médical, peut-être un peu facile, est aujourd’hui nécessaire pour alerter les consommateurs sur la dangerosité des charcuteries produites avec des nitrates et des nitrites. En 2007 déjà, le World Cancer Research Fund recommandait d’éviter totalement la consommation de charcuterie industrielle, considérée comme cancérogène par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
Pour dénoncer cette inaction, une trentaine de militants.es (écologistes, membres du Climat Social, des associations Génération Cobayes et I-Boycott, ainsi que Guillaume Coudray, ont mené une opération coup de poing dans plusieurs supermarchés de la capitale. De quoi sensibiliser à la fois les clients, mais aussi les distributeurs de ces cochonnailles. Michèle Rivasi (députée européenne écologiste) les a rejoint par la suite pour promettre de faire pression sur Nicolas Hulot et le pousser à interdire cette substance. Reste à espérer que le ministre soit plus efficace que dans sa lutte contre les perturbateurs endocriniens.

Jambon cancérigène

Chaque année, on dénombre 40 000 nouveaux cas de cancers colorectaux. 42% des malades en meurent, soit 17 700 décès par an en France et 152 000 en Europe. Or, il est prouvé que seulement 5 à 10% de ces cancers sont d’origine génétique. Malgré toutes les ces alertes, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) retarde l’interdiction des nitrites et nitrates dans les charcuteries, sous la pression de lobbies. “A l’EFSA, au lieu de protéger les consommateurs, on protège l’industrie, et on accueille à bras ouvert les experts qui couchent avec l’industrie pour protéger leurs intérêts”, martèle Guillaume Coudray, journaliste qui a participé à l’émission de Cash Investigation en septembre 2016, dans laquelle Elise Lucet et son équipe avait révélé au grand public le scandale du jambon rose. Une enquête qu’il a poursuivi dans un livre : Cochonneries : Comment la charcuterie est devenue un poison.

Gagner du temps… et de l’argent

Si les industriels ont tant de mal à se passer des nitrites, c’est parce que cela leur permet de réduire le temps de maturation de jambon et donc son coût final. “C’est incomparablement moins cher. Pour un Serrano, on obtient la bonne couleur en seulement trois mois au lieu de six “, poursuit Guillaume Coudray. De leur coté, les industriels assurent que l’utilisation des nitrites est indispensable pour lutter contre le botulisme, une maladie paralytique d’origine alimentaire. Un argument mis à mal par de nombreuses études et par le jambon de Parme, fabriqué depuis 25 ans sans nitrites, sans jamais rendre malade aucun consommateur. “Les alternatives existent, mais faute d’interdiction pure et simple, les industriels ne changeront pas leurs habitudes,” conclut Guillaume Coudray.