Dans “il était une fois les révolutions”, Mathilde Larrere, historienne spécialiste des mouvements révolutionnaires du XIXe siècle éclaire le sens d’un mot que l’on entend aujourd’hui dans la rue, sur les plateaux TV, dans les publicités et discours politiques. Délaissant les 280 caractères de Twitter, elle livre aux éditions du Détour un ouvrage “compilation” des révolutions, de la révolution française en 1789 jusqu’à la révolution des oeillets en 1974.
Dans son ouvrage, Mathilde Larrere répertorie par mois, comme un calendrier, les révolutions qui ont marqué l’Histoire, en France comme à l’international. Le lecteur ou lectrice peut ainsi piocher un morceau de mémoire révolutionnaire en passant par le Mexique, la Russie, l’Allemagne, la France, la Chine ou encore Cuba.
L’idée derrière cet ouvrage est de faire “une histoire longue des révolutions”, explique-t-elle et ainsi montrer que celles-ci “se donnent la main dans une grande ronde”. Au-delà, l’historienne veut contrer des images négatives que les discours cristallisent autour des périodes révolutionnaires. Comme-ci “pire que les histoire d’amour, elle terminent toujours mal” s’amuse-t-elle. Sur un ton léger, le texte est pensé comme un almanach entrecoupé d’éléments de l’histoire populaire comme la recette de la tête de veau, le plan de construction d’une barricade, les paroles de l’hymne des femmes. On y retrouve également des citations et des tags qui ont fleuri très récemment sur les murs des villes durant les manifestations Gilets Jaunes. Encore un indice pour éclairer la transmission de cette mémoire.
Révolutions en perte de sens ?
Au début de ce livre de vulgarisation historique, l’auteure revient sur les sens du mot révolution. Est-il vidé de son sens aujourd’hui alors même qu’il peut être repris par les publicités et les discours politiques de tous bords ? “On a tenté de le vider de son sens […] mais sa charge émotionnelle et mobilisatrice est toujours présente et c’est pour ça qu’il serait récupéré.” explique-t-elle. “Mais il faut le recharger et lutter contre la pub qui en fait un outil mercantile et les récupérations conservatrices et réactionnaires” ajoute-t-elle. Pour la serial twitteuse, la définition du mot est simple : “quand l’ordre est renversé […] il faut une inversion des dominations”.
La transmission de cette mémoire révolutionnaire, si elle reste partielle en milieu scolaire, est tangible dans l’univers des mouvements sociaux. Lors de manifestations et assemblées Gilets Jaunes, les références à la révolution française ou au printemps des peuples de 1848 ne sont pas rares. Comment analyser cette reprise de symboles historiques ? Pour Mathilde Larrere c’est “absolument normal. Chaque révolution a fonctionné de la sorte, en faisant un inventaire des précédentes”.
Le Roman National cache les révolutions ?
L’enseignement de ces périodes en tant qu’instants isolés et indépendants de l’Histoire pose alors question, quand celui-ci ne disparaît tout simplement pas des programmes. Et avec la réforme du BAC voulue par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation Nationale promulguée en Juillet 2019, les changements de programme semblent notables.
Un entretien réalisé par Romane Salahun
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