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Retraites

Rentrée sociale : « Il est en train de reconnaître que notre programme était juste ! »

De gauche Michel Barnier ? Pas selon les syndicats (CGT, FSU, Solidaires) qui ont fait leur rentrée, ce mardi 1er octobre 2024. Près de 170 000 personnes ont manifesté, selon la CGT, avec au programme, abrogation de la réforme des retraites, augmentation des salaires et amélioration du financement des services publics. Une rentrée sociale marquée par le discours du nouveau premier ministre de droite, Michel Barnier, qui a tenu, le jour même, devant les député·es de l’Assemblée Nationale plusieurs promesses : valoriser le SMIC de 2% au 1er novembre 2024 et « reprendre le dialogue » sur la réforme des retraites. Des effets d’annonce qui ne convainquent pas.

C’est avec un goût amer que se tient à Denfert-Rochereau (Paris) la manifestation de rentrée sociale par les syndicats de gauche. Dans le cortège, les militant·es sont moins nombreux·ses qu’à l’habitude, une désertion qui s’explique par la nomination de Michel Barnier comme premier ministre. « Les militant·es sont écœuré·es. On ne nous a pas écouté·es, nous ne pouvons plus faire confiance en notre démocratie, même à l’internationale la France a été montrée du doigt pour ne pas avoir respecté la volonté du peuple », déplore une militante Solidaires.

Un avis largement partagé par Emmanuel Vire, ancien secrétaire général du SNJ-CGT : « Nous avons beaucoup œuvré et milité pour que le RN ne se retrouve pas au pouvoir et, au final, on a une rentrée avec la droite et une participation tacite du RN. C’est aussi pour cela que nous manifestons aujourd’hui ». Amer, certes, mais pas défaitiste. « Nous sommes ici pour montrer, encore et encore, que nous ne sommes pas d’accord avec le jeu politique qui se tient. Nous continuerons à manifester quoiqu’il arrive », poursuit-il.

Une tentative désespérée de « reprise du dialogue »

Au menu de la manifestation, l’abrogation de la réforme des retraites, une hausse des salaires et l’augmentation du financement des services publics : « 90% des Français ne voulaient pas de la réforme des retraites, nous espérons que le dialogue autour de cette réforme soit possible et que le gouvernement reviendra dessus », affirme une militante de la CGT.

C’est notamment sur ce dossier épineux que Michel Barnier est attendu. Dans son discours, tenu en parallèle des manifestations, le nouveau premier ministre a souhaité « reprendre le dialogue » et il a d’ailleurs estimé qu’il est « impératif de préserver l’équilibre durable de nos systèmes de retraite par répartition » et que « certaines limites de la loi votée le 15 avril 2023 peuvent être corrigées ». Des déclarations qui laissent présager une « reprise de dialogue » retors. « Nous proposons aux partenaires sociaux de réfléchir à des aménagements raisonnables et justes de la loi », conclut sur ce dossier le premier Ministre. Un effet d’annonce qui ne convainc pas : « A quel moment on va le croire ?, interroge une militante du parti communiste révolutionnaire (PCR). Ce genre de déclaration sonne creux, on le sait qu’il ne fera rien, son but est de mener une politique de droite, voire très à droite, qui ne fera que renforcer les inégalités ».

Une volonté de taxer le « gros capital » ?

Dans son discours de politique générale, le nouveau locataire de Matignon a tenu à assurer une « revalorisation du SMIC à 2% dès le 1er novembre » une mesure qui prend effet avec « deux mois d’avance » s’est-il félicité auprès des député·es. Même si cette revalorisation reste une « bonne nouvelle » pour certain·es manifestant·es, personne n’est en réalité dupe. « C’est un peu l’arbre qui cache la forêt, lâche une manifestante de Sud éducation. Il faudrait une valorisation plus importante pour que cela soit significatif. »

Dans le cortège, un autre sujet qui fait parler est celui de l’annonce faite par Michel Barnier, lors d’une intervention sur France 2, de « ne pas exclure que les personnes les plus fortunées participent à l’effort national ». La volonté du premier ministre serait ainsi de recourir à des « prélèvements ciblés » notamment fléchés sur certaines grandes entreprises. Mais lesquelles exactement ? Le premier ministre botte en touche. Pour autant il l’assure : « il ne sera pas question d’augmenter les impôts de celleux qui travaillent ». Une déclaration qui serait rassurante si elle ne sonnait pas une tentative de récupération des idées politiques du Nouveau Front Populaire (NFP). « Il est en train de reconnaître que notre programme était juste !, ironise Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Ecologistes Europe Ecologie les Verts (EELV). Il veut se donner le beau rôle en se disant «  moi j’ai essayé » mais la vérité c’est que tout le monde risque de se barrer de son gouvernement. » L’écologiste craint même le pire : « Est-ce qu’il a dit cela pour nous faire avaler la pilule afin de pouvoir mettre en place des choses plus dures derrière ? Je ne sais pas… mais ce qui est sûr c’est que c’est un gouvernement d’amateur·ices ! »

Amateur est sans doute le mot lorsque l’on sait que le président Macron avait fait de la baisse des impôts pour tous·tes, particuliers comme entreprises, un des piliers de son mandat. Encore mieux, Michel Barnier s’est dit contre le retour de l’impôt sur la fortune. Dès lors, si on considère ces déclarations, on se demande bien comment cette nouvelle mesure de gauche pourrait être appliquée ?

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