Entendre la manifestation, les slogans, les cris et les chants ; mais aussi les coups, la violence, la répression et les arrestations. Cauchemar recolle les morceaux d’une manifestation dans un esprit endormi. Dans l’univers d’Adel Ittel, il y a aussi les territoires en lutte. La Fusée nous téléporte en Guyane, entre luttes locales et lancement international de fusée, dans un entremêlement de voix en colère.
Depuis le mouvement contre la loi travail et le mouvement des Gilets Jaunes, nous sommes confronté·es, en manifestation, à une répression policière de plus en plus violente. Blessures graves, mutilations, traumatismes sont désormais monnaie. Et pour beaucoup de personnes, l’impact est aussi psychologique : cauchemar, crise d’angoisses, paniques.
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Cauchemar, création sonore de rêve et de manif
À partir de sons captés en manifestation à l’hiver 2020, alors que la France se mobilisait massivement contre le projet de réforme des retraites, Cauchemar voyage entre les ballons CGT et les lacrymos qui explosent un peu partout.
Des manifestant·es témoignent d’une charge de CRS violente. Charge à l’origine de la blessure à la tête d’une manifestante âgée qui tentait de protéger un jeune homme maintenu au sol et interpellé alors qu’il était inconscient. Dans Cauchemar, les voix et les sons qui peuplent la création sonore reviennent hanter le rêveur.
« cours cours ils ont déballé les LBD / A chaque manif j’ai la boule au ventre et un air effrayé » Nada – 13’12 contre les violences policières
La Fusée, plongée au coeur du mouvement guyannais
Le 20 mars 2017, Ariane 5, la fusée, fleuron de l’industrie aérospatiale française reste clouée au sol. C’est le début d’un mouvement social qui va durer plus d’un mois et qui va mobiliser toute la société guyanaise. Plusieurs revendications se mêlent dans cette création sonore. Entre dénonciation de l’insécurité, amélioration du service public, revendications syndicales, etc.
La fusée ne décolle pas, le mouvement social, si
Ce même jour, à l’aube, le collectif des Toukans et les grévistes d’EDF occupent le rond point de la Carapa à Kourou. Iels veulent empêcher les personnels du Centre Spatial Guyanais de rentrer sur le site. Les collectifs des Iguanes de l’Ouest et des 500 Frères les rejoignent le soir même. À Cayenne, au même moment un mouvement social massif se met en place, avec l’aide des agriculteurs, des routiers, et des travailleur‧ses de la CAF, mais aussi de la régie communautaire des transports et du centre hospitalier.
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Pendant quelques semaines, les collectifs unifiés sous la bannière « Pou Lagwiyan Dékolé » parviennent à établir un rapport de force et bloquant complètement le département. Certains élus locaux doivent présenter des excuses publiques, au nom de la ministre des outre mer. Plusieurs ont été écartés des négociations avec les différents secteurs en grève.
Cette création sonore donne à entendre une fusée bien particulière, et des luttes locales de Guyane, dans un brouhaha de luttes.
Deux créations sonores originales réalisées par Adel Ittel el Madani.