Après trois ans de discussions pour trouver un autre logement aux habitants du foyer Bara qui vivent dans des conditions déplorables, le maire communiste de Montreuil a décidé de passer à l’action. Mercredi 26 septembre au matin, il a réquisitionné 15 000 m² de locaux vides pour les reloger.
Une situation bloquée depuis des années
Cela fait de nombreuses années que la situation n’avance pas. Les habitants du foyer Bara à Montreuil, majoritairement des travailleurs maliens, vivent dans des conditions très difficiles. Patrice Bessac, le maire communiste de la ville, y a passé une nuit pour dénoncer cette situation. Il parle de « matières fécales qui tombent dans les douches », d’une « odeur épouvantable » et même de la présence de rats.
« En 2013, un protocole avait été signé avec l’État et le gestionnaire du foyer, Coallia. Depuis deux ans et demi, le maire de Montreuil sollicite l’Etat pour trouver une solution à la situation des résidents du foyer dont les conditions de vie se dégradent chaque jour. Malgré les alertes répétées et les propositions faites par la ville, l’Etat est resté sourd », explique la mairie dans un communiqué. Le protocole en question prévoyait la construction de quatre petits bâtiments et la reconstruction du site de la rue Bara. Deux des quatre bâtiments ont déjà été érigés, mais plus de 250 personnes vivent toujours dans le foyer Bara.
Face à l’urgence, la réquisition
Face à l’urgence, le maire a réquisitionné les anciens locaux de l’agence de formation professionnelle des adultes (afpa) pour y reloger les résidents du foyer Bara. Ces 15 000 m² de bureaux, vides depuis des années, ont fait le bonheur des 137 travailleurs qui ont pu s’y installer jeudi 27 septembre. « Ici, c’est propre, c’est mieux qu’à Bara » s’enthousiasme Moussa Doucouré. Lui qui vivait depuis 31 ans au foyer dans une chambre de 20 m², partagée avec cinq autres personnes, a pu retrouver un peu d’espace vital. Ici, ils ne sont que deux par chambre et se partagent les sanitaires entre 6 personnes et pas 50, comme à Bara.
La préfecture monte au créneau
La réaction de la Préfecture de Seine-Saint-Denis ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué, elle a dénoncé « très fermement » cette installation dans des locaux qui appartiennent à l’État, dont elle est le représentant. Elle a annoncé avoir saisi la procureure de Bobigny ainsi que la « juridiction administrative compétente ». Le maire, lui, dit avoir « confiance dans les institutions » et espère que bientôt, les différents acteurs tels que : « la préfecture, l’Etat, les ministères et les partenaires comme Coallia se mettent autour d’une table » pour discuter de l’avenir.