Plusieurs milliers de personnes sont attendues dans la rue samedi 8 septembre pour une grande marche en faveur du climat. Un événement prévu de longue date et qui a pris une nouvelle dimension depuis la démission de Nicolas Hulot, l’ancien ministre de la transition écologique.
Les organisateurs de la journée mondiale d’action pour le Climat le 8 septembre peuvent remercier Nicolas Hulot. La démission fracassante de l’ancien ministre d’État a mis en lumière l’hypocrisie de nos dirigeants auprès de celles et ceux qui nourrissaient encore un peu d’espoir à l’égard des institutions politiques. « C’est un phénomène de défiance international. Les décideurs ont quitté le navire face à l’urgence environnementale », explique Clémence Dubois, responsable des campagnes en France de l’ONG 350.org.
Un électrochoc qui pourrait bien pousser plus d’un·e dans la rue ce samedi 8 septembre, à l’instar de Maxime, créateur d’un événement Facebook baptisé “Marche pour le Climat”. En quelques jours, plus de 100 000 personnes se sont déclaré intéressées, prenant de court le jeune homme et intriguant les ONG. « Il est vrai que nous n’aurions jamais rêvé de toucher aussi rapidement un si grand nombre de gens », poursuit Clémence Dubois de 350.org. Quant à savoir si Nicolas Hulot participera ou non à cette marche, « comme l’a déclaré Maxime dans une interview à l’Obs, nous ne sommes pas les soldats de Nicolas Hulot. Cet engouement prouve que la société civile est bien consciente des enjeux et que les gens ne comptent pas démissionner ».
Les syndicats encore timides à s’engager pour le climat
Cet évènement s’inscrit dans le cadre d’une semaine globale de mobilisations baptisée « Rise For Climate » qui compte plus de 446 partenaires dans 90 pays. Une mobilisation tentaculaire, avec près de 1000 actions organisées, dont 130 évènements prévus rien qu’en France. A Lyon par exemple, c’est le « siège » de l’hôtel de ville qui est prévu ce samedi. Si on peut compter sur la puissance mobilisatrice des associations écologistes, les forces syndicales semblent plus réticentes à s’engager dans le mouvement.
Alors qu’à Lisbonne, au Portugal, la marche pour le climat est organisée en partenariat avec les syndicats, seuls Sud PTT et l’Union Syndicale Solidaires sont signataires de l’appel en France. « C’est un sujet qui intéresse au sein de nos organisations, mais il n’est pas toujours facile de mobiliser les travailleurs sur ces questions », déplore Didier Aubé, membre de l’union syndicale Solidaires. « Si la question est : « le monde du travail est-il mobilisé sur les questions climatiques » on sait bien qu’il reste beaucoup de travail à faire », explique Maxime Combes, économiste chez ATTAC. D’autant que l’engagement a changé. « Il y a 20 ans, les gens participaient à la manifestation et ensuite s’engageaient dans votre organisation. Aujourd’hui c’est terminé. Les modes d’engagements individuels et collectifs sont plus ponctuels, à la carte, ou via des « like » sur Facebook. L’enjeu est de savoir combien d’entre eux vont venir dans la rue et combien seront prêts à faire autre chose », détaille Maxime Combes.
Pour transformer ces « like » en action, les ONG préparent déjà d’autres mobilisations, comme celle du 15 septembre pour célébrer les 10 ans de la crise financière, ou encore l’arrivée du Tour Alternatiba à Bayonne le 6 et 7 octobre. Avec celles-ci s’affirme l’espoir que cette mobilisation virtuelle, née après la démission de Nicolas Hulot, se traduise dans la rue ce samedi et ne reste surtout pas sans lendemain.
Pour allez plus loin :
La vidéo d’appel à assiéger la Mairie de Lyon publiée par la chaine Youtube Partager c’est Sympa, qui se revendique « au cœur de l’action, avec les gens qui se bougent pour un avenir juste et durable pour tous », et dont vous entendez des extraits dans notre reportage.
Infos pratiques
Des évènements vont avoir lieu dans toute la France. A Paris, le rendez-vous est donné place de l’Hôtel de Ville à 14h avant un départ de la marche vers la place de la République.
Image du une :
Photographie de Claire Dietrich pour Radio Parleur. Mobilisation des ONG en faveur du climat devant le Panthéon à Paris lors du Sommet « One Planet Summit » organisé par Emmanuel Macron en décembre 2017.