Dans le vingtième arrondissement de Paris, le bar Le Saint-Sauveur est une référence dans parmi les militant·es antifasciste. Mais le 13 août dernier, la préfecture de police lui a imposé une fermeture administrative de deux semaines. Elle lui reproche notamment une attaque du troquet en juin dernier … par des individus d’extrême droite.
Ouvert depuis 15 ans dans le quartier de Ménilmontant, le Saint-Sauveur fait office de fief pour les « antifas ». Il est reconnaissable à ses murs couverts de stickers et d’affiches pour les droits des femmes, des LGBT ou des migrant·es. Lieu de vie et d’échange, le bar a pourtant dû baisser le rideau le 13 août dernier à cause d’une fermeture administrative. C’est la deuxième fois en moins d’un an que la préfecture de police les contraint à fermer.
« S’il y a un oiseau qui tombe du nid, ce sera de la faute du Saint Sauveur. »
Pour l’équipe du Saint-Sauveur, les raisons de cette fermeture administrative n’ont aucun sens. La préfecture de Paris leur reproche, entre autres, une attaque perpétrée par l’extrême droite contre les client·es du bar. En juin dernier, au sortir du confinement, le bar rouvre enfin. Une quinzaine d’individus en profite pour prendre d’assaut le Saint Sauveur, armés de manches de pioches.
Sur le même thème : « L’antifascisme est voué à perdre s’il n’est pas offensif »
« J’ai été particulièrement surpris et choqué quand j’ai appris que le bar était mis en cause », explique Fred, un habitué présent lors de l’attaque. « J’ai aussi été surpris quand j’ai appris que la préfecture leur reprochait d’avoir réuni trop de monde lors de la fête de la musique. Le Saint Sauveur est rendu responsable de tout. S’il y a un oiseau qui tombe du nid, ce sera de la faute du Saint Sauveur. »
Le Saint Sauveur soutenu par la mairie de Paris
Alors que la Covid-19 a déjà contraint les bars à fermer pendant deux mois, cette fermeture administrative inquiète l’équipe. « C’est difficile de se projeter sur le long terme quand tu as peur d’une fermeture constamment » se désole Zelda, la manageuse du Saint-Sauveur.
Interrogée, la mairie de Paris se positionne du côté du bar. « On ne va pas laisser faire les choses,affirme Frédéric Hocquard, élu en charge de la vie nocturne. Il faut qu’on trouve une solution. » Il propose la création d’une commission de régulation de débit de boissons. « L’idée est de réunir la police, la mairie et les associations de bar afin de discuter des problèmes que l’on peut leur reprocher. »
Mais ce n’est pas une solution pour la gérante Zelda : « tous les bars ne sont pas traités de la même façon. Il y a beaucoup plus de répression dans les quartiers populaires. Tout ce qu’on espère, c’est que ça va se calmer. Dans le quartier, avec la gentrification et les nouveaux bobos, il y a cette volonté de fermer ce type de lieux. Ils veulent un quartier qui bouge mais qui ne fait pas trop de bruit. »
Contactée par Radio Parleur, la préfecture de police n’a pas souhaité s’exprimer à ce sujet.
Un reportage réalisé par Morgane Moal. Photo de Une : Page Facebook du Saint Sauveur.