Les associations sont les premières victimes de la fin des contrats aidés voulue par le gouvernement. Une réalité qui touche particulièrement les quartiers populaires, où ces structures associatives pallient souvent aux déficiences de l’Etat. Ce jeudi 5 octobre, aux quartier des Francs-Moisins à Saint-Denis, les structures locales organisaient une cessation générale d’activité pour protester contre des décisions « injustes » et dénoncer « l’abandon » des pouvoirs publics.
Ce jeudi 5 octobre, c’est « Manif au quartier ». Les petits de la cité l’ont écrit en gros sur un panneau coloré et ils se battent pour monter sur la petite scène installée sur un parking, à deux pas du canal… On est aux Francs Moisins, un quartier populaire de Saint Denis pas toujours épargné par les problèmes et rarement favorisé par les pouvoirs publics. Ici, on refuse d’accepter la « crève générale » et on l’écrit sur les banderoles accrochées aux arbres. La « cessation des activités » est organisée par les associations du quartier. Ce jeudi, pas de jeux pour les enfants à la ludothèque, pas de rendez-vous pour les malades aux centres de santé, pas d’ateliers de cuisine non plus… Rien. Une manière d’interpeller sur la suppression des contrats aidés et sur leurs conséquences immédiate : plusieurs dizaines d’emplois vont disparaître et les services rendus par les associations avec.
« Sans contrats aidés, on va devoir fermer »
« Une catastrophe » pour Danielle Dudon, qui vit ici depuis 47 ans. Aux Francs-Moisins, son surnom c’est « Mamie Danielle ». Elle est présidente de la maison des associations, une structure qui emploie une personne en contrat aidé. « Vous pouvez dire qui employait » coupe Danielle, « le contrat a pris fin le 30 septembre ! C’est terminé ». Avant cette date, une femme de 50 ans assurait l’accueil et l’accompagnement de personnes en difficultés. Elle proposait aussi des ateliers d’alphabétisation. « Si on n’a plus de contrats aidés, on va devoir fermer l’association», assure Mamie Danielle. « Ici les gens ont besoin d’aide et on les prive de tout, c’est inadmissible». Elle s’inquiète également pour le sort des personnes qui vont perdre leur emploi : « chez nous, nos contrats aidés concernent pour la plupart des gens qui reprenaient une activité ! A plus de 50 ans comment vous retrouvez un emploi après ? »
« On accomplit le travail que l’Etat ne fait pas et lui, il nous supprime »
Même son de cloche chez Didier Ménard, le médecin. Il est à la retraite après 35 ans d’activité dans le quartier. Didier a fondé une maison de santé communautaire au cœur des HLM. Dans son association, ce sont six personnes qui vont devoir s’en aller d’ici l’année prochaine, autant de services en moins pour les usagers. « C’est à nouveaux des gens exclus de l’accès aux soins ! On pallie quotidiennement aux manquements de l’état en réalisant le travail qu’il n’accomplit pas et lui, il nous supprime ». Houria elle, habite depuis 4 ans aux Francs-Moisins. Ses enfants sont inscrits à la Ludothéque, une association qui propose un centre de loisirs pour les enfants après l’école et pendant les vacances. « S’ils ferment la ludothèque, nos enfants vont aller où ? Ils vont traîner ! Il y a rien à faire ici ! Ca ne va résoudre aucun problème, ça va seulement en créer de nouveaux ».
A terme, plus de 10 000 emplois concernés dans le 93.
Le maire de Saint-Denis, Laurent Russier et le Député PCF de la circonscription, Stephane Peu, ont fait le déplacement. Ils promettent de se battre pour préserver les emplois aidés « c’est toute la Seine-Saint-Denis qui est la cible du gouvernement » accuse Stéphane Peu. Dans le département, les associations s’inquiètent surtout du devenir de leurs salariés en Contrat d’Accompagnement vers l’Emploi (CAE). D’après le journal local Le Parisien, 3070 contrats ont été signés sur les huit premiers mois de l’année (contre 4939 en 2016) en Seine-Saint-Denis. Il y en aurait environ 10 000 en cours dans le 93, dont 3136 arrivant à échéance entre septembre et décembre. « Ce gouvernement ne vit pas dans le même monde que nous. Il pense entrepreneuriat et start-up, les quartiers populaires il n’en ont rien à faire » affirme Didier Ménard. A la tribune, une jeune femme rappelle qu’avant les émeutes de 2005, les associations avaient aussi subit des coupes budgétaires « on espère que les mêmes erreurs n’auront pas, une fois de plus le même effets ».