Un an après la montée du conflit entre Israël et Palestine, la mobilisation contre la politique de Netanyahou continue. A Paris, la manifestation féministe pour la “fin du génocide en Palestine” a rassemblé plusieurs collectifs internationalistes et féministes (Du Pain et des Roses, Stop Fuelling War, Stop Arming Israël 13, etc.), sous l’impulsion de l’Assemblée Féministe Paris-Banlieue.
La fin du massacre au nom de l’internationalisme
Keffieh au cou et drapeau palestinien en l’air, plusieurs militant⸱es ont marché de République jusqu’à Bastille ce mardi 8 octobre au soir. Charles, activiste, est l’un d’entre eux. “J’ai été a toutes les manifestions depuis un an. Pour la Palestine, maintenant le Liban, le Yémen mais aussi la Syrie.” La marche rassemble plusieurs communautés et plusieurs nationalités, pour s’opposer à la politique d’Israël dans la bande de Gaza et au sud Liban. Nadia, pro-Palestine depuis 40 ans, et gilet jaune, marche près des commerces et cafés, stickers “Boycott Israël” en main. “Ça fait effet de montrer mon petit mot comme ça. Les gens sont agréables, souvent ils sourient et ils soutiennent… et même s’ils ne soutiennent pas je passe le message !”
Fin du génocide : fin de l’armement et de la complicité française
Avant que la marche ne débute, les collectifs co-organisateurs ont pris la parole à tour de rôle pour rappeler la situation de guerre à Gaza et au Liban. Tous⸱tes font front contre l’armement israélien et le rôle de l’État français. “En France, nous avons une situation particulière actuellement. Il y a quelques jours, Emmanuel Macron a déclaré qu’il fallait arrêter de vendre des armes à Israël… en enchainant tout de suite sur le fait que la France n’en vend pas ! Alors que quelques heures après, l’Élysée a nuancé son propos en disant que la France continuerait de vendre des armes à Israël pour assurer sa défense. La réalité c’est qu’Emmanuel Macron joue sur le sens des mots”, souligne Laura du collectif Stop Arming Israël France. La France, comme le pointe plusieurs collectifs ou encore l’Institut de recherche sur la paix de Stockolm (Sipri), fournit des composants militaires à Israël. Avant l’attaque du 7 octobre… et aujourd’hui encore. “La France a reçu une commande de 15 millions d’euros d’Israël. Un chiffre qui a doublé en 2023, atteignant les 30 millions”, explique toujours Laura.
Conflits armés au Proche Orient : une lutte féministe
La marche de ce soir en soutien aux peuples palestiniens et libanais est particulière : pour la première fois elle se trouve sous les couleurs et bannières féministes. Une convergence des luttes, pour dénoncer les stratégies “fémonationalistes” et de “pink washing” de l’État hébreu. Ces stratégies ont pour but d’instrumentaliser les luttes féministes et LGBTQIA+ à des fins nationalistes et militaristes. Or, les collectifs féministes sont unanimes à ce sujet : l’armée n’est pas la voie de l’émancipation pour les femmes, malgré toute la rhétorique progressiste qu’Israël communique sur ses soldates et soldates LGBTQIA+. “On sait que dans les guerres, les premières victimes sont les femmes, les minorités de genre et les enfants. C’est dans l’ADN du féminisme d’être contre l’armement” relève Bérénice, militante politique féministe et membre du collectif Kessem.
Dans la lutte quotidienne contre la politique militaire d’Israël, les outils militants féministes font aussi leurs effets. “Après le 7 octobre, les réunions en non mixités choisies entre françaises et israéliennes m’ont sauvée, quand j’ai fait un burn-out à force de me faire insulter par ma famille. On avait toutes reçues les mêmes menaces de mort, les mêmes messages nous insultant de “putes du Hamas”… C’est toutes ensemble qu’on a réussi à se redonner de la force pour retourner militer dans nos collectifs.” Un an après que ces militantes aient demandé un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, la sororité a aussi été élémentaire pour poursuivre la lutte, pour réclamer encore la fin des combats.
Erin Rivoalan-Cochet