Entre 2002 et 2010, sous les deux mandats du président d’extrême-droite Alvaro Uribe Vélez, au moins 6 402 civils trouvent la mort lors d’exécutions extrajudiciaires. En majorité de jeunes hommes de milieux modestes, ils sont victimes d’une politique du résultat par l’armée colombienne. La “politique de défense et de sécurité démocratique” (PDSD) a pour mission tuer un certain nombre de guérilleros au combat. Les chiffres demandés sont gonflés par la vie de civils vulnérables économiquement, mentalement et/ou physiquement. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui le scandale des faux positifs.
Les faux positifs : scandale militaire et politique
Des litres de sang, des réservoirs de sang, je me fiche des captures, ils doivent me donner des morts au combat à tout prix.” Nous pouvons imaginer avec quelle hargne, ou bien quel cynisme l’ancien général colombien Mario Montoya Uribe prononce cette phrase dans l’exercice de ses fonctions. Il est alors commandant de 10 unités de l’armée colombienne entre 1991 et 2008. On le connaît dans le pays depuis ce mois d’août. Il est, en effet, condamné coupable de la mort de 130 personne dans le cadre des faux positifs.
Le triste nom d’un scandale mêlant alors le gouvernement de l’époque et de l’armée dans des crimes de guerre. Un scandale très peu connu en France et dans le monde. Alors que nous parlons d’au moins 6 402 civils colombiens tués. Tous tués entre 2002 et 2008 sous les ordres de hauts dirigeants des forces militaires.
En 2008, ces attaques systémiques contre les civils frappent le quartier de Soacha à Bogotá, capitale du pays. Le collectif des mères victimes des faux positifs (MAFAPO) verra le jour et le scandale des faux positifs éclatera.
Dans ce premier épisode, Radio Parleur t’emmène à la rencontre de la journaliste Guylaine Roujol Perez et la docteure en Sciences Politique Sophie Daviaud. Fines connaisseuses de la Colombie et de la complexité de cette affaire, elles expliquent les origines du scandale et la formation des MAFAPO. Ces proches des victimes luttent encore pour obtenir vérité et justice totale 15 après les faits.
“Les faux positifs: le scandale qui éclabousse l’État colombien” est une série de 4 épisodes, co-écrite par Erin Rivoalan-Cochet et Victor Taranne. Réalisé par Victor Taranne. Musique : Yekanimal – 6402 Razones.
