Zola, Louise Michel, et Victor Hugo avaient déjà vus l’importance de raconter les luttes. Aujourd’hui, la nécessité des raconter les luttes est encore présente. Les Gilets Jaunes, Nuit Debout, le mouvement Metoo. Si la nécessité de raconter les luttes est établie, les questions de savoir qui porte la parole et comment, sont autant d’enjeux primordiaux pour préserver la mémoire des luttes.
Nos invité‧es :
- Selyne Ferrero est Head of digital à Greenpeace France et formatrice à l’utilisation des réseaux sociaux à des fins de mobilisation. Elle a milité pendant le mouvement Nuit Debout où elle a participé à construire la stratégie de communication digitale, notamment avec ce que l’on a appelé le « Media Center » de Nuit Debout.
- Mathilde Larrère est historienne des révolutions et de la citoyenneté. Enseignante chercheuse à l’Université Paris-Est-Marne-la-Vallée. Elle a également travaillé sur la place des minorisé.es et minorités en politique
De Zola à Louise Michel, en passant par Hugo, le récit des luttes ne date pas d’hier
Émile Zola a observé la grande grève des ouvrier·es des Mines d’Anzin en 1884. Mais ce n’est ni le premier ni le dernier. Hugo l’avait déjà fait, Flaubert aussi. Au-delà de ces grands écrivains, les acteur·rices des mouvements sociaux ont rapidement compris l’utilité de raconter leur propre vision de la lutte. C’est par exemple ce que fait Louise Michel à son retour de la déportation, en 1880. Elle achève ses récits dans l’ouvrage La Commune, 1898. Aujourd’hui encore, s’approprier le récit est un enjeu majeur pour les militant·es des mouvements sociaux plus récents comme Nuit Debout, les Gilets jaunes ou le mouvement #Metoo … Le but ? Apprendre des victoires et des échecs des luttes passées. Et face à l’adversaire, rester maître·sse de son récit.
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Raconter, pour éviter que sa parole ne soit confisquée
Parce que laisser le récit de sa lutte aux autres, c’est aussi prendre le risque qu’il soit tronqué, parcellaire ou insuffisant. Lors du mouvement social Nuit Debout, en 2016, les commentaires des journalistes s’éloignent parfois du réel. La transmission par les acteur·rices du mouvement devient primordiale. D’où l’importance d’utiliser ses propres canaux, comme le « Media Center » : des outils d’information créés par les militants de Nuit Debout. Il s’agit aussi de la nécessité de raconter ses erreurs, ses échecs, ses problèmes pour couper l’herbe sous le pied aux détracteur·ices. Un exercice d’autocritique qui ne s’avère pas toujours évident.
La manière de raconter les luttes a-t-elle changé ? Et par quels supports les raconter ? Militant·es et journalistes, artistes ou chercheur·ses, la nécessité de développer une mémoire collective occulte-t-elle le récit des vaincues, des plus faibles ou des plus marginaux ?
Animation : Tristan Goldbronn. Co-animation : Alizée Cheboub. Production : Tristan Goldbronn et Clémentine Evenot. Réalisation : Tristan Goldbronn. Visuel de Une : Nollaig Dipode.
